Tension n Des milliers de partisans du président destitué Mohamed Morsi ont manifesté, hier, vendredi, en Egypte et des heurts les ont opposés à la police dans plusieurs villes, sur fond de menaces d'une dispersion imminente par la force de leurs sit-in au Caire. Après la grande prière, plusieurs cortèges ont convergé du centre de la capitale vers la place Rabaa al-Adawiya, le principal sit-in depuis plus d'un mois de ceux qui réclament le retour sans condition à la tête de l'Etat de M. Morsi, destitué le 3 juillet. Des milliers de manifestants ont aussi défilé dans d'autres grandes villes, en particulier à Alexandrie (nord) et à Assiout (centre), arborant des portraits de M. Morsi, en pleines célébrations de l'Aïd el-Fitr. Dans la cité de Fayyoum, au sud du Caire, des heurts ont opposé des pro-Morsi à la police qui a tiré des gaz lacrymogènes. Quatre personnes ont été blessées, selon le ministère de la Santé. Dans la province de Charqiya (nord), des affrontements ont éclaté dans plusieurs villes entre les manifestants et des habitants, faisant une dizaine de blessés, selon l'agence officielle Mena. Sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda du Caire, les manifestants se sont barricadés avec femmes et enfants. Durant les célébrations de l'Aïd el-Fitr, leur nombre a même grossi à Rabaa, dans une ambiance de kermesse avec attractions et spectacles pour d'innombrables enfants en habits de fête. Le gouvernement, relayé par des médias, accuse les manifestants d'être des «terroristes» et d'utiliser des enfants comme «boucliers humains». La situation est montée d'un cran et reste particulièrement tendue depuis l'échec des médiations internationales et l'annonce par le gouvernement intérimaire mis en place par l'armée de sa détermination à en finir avec les rassemblements des pro-Morsi après le ramadan. Jeudi, le Premier ministre par intérim, Hazem el-Beblawi, répétait que la police allait intervenir pour disperser les deux sit-in au Caire. «Nous approchons du moment que nous préférerions éviter», a-t-il prévenu, tout en se disant prêt à «donner aux manifestants une chance de réconciliation et l'opportunité de chercher la voie de la raison». Les observateurs s'attendent à ce que le gouvernement --fort du soutien d'une grande partie de la population et des médias quasi-unanimes contre les Frères musulmans-- lance son opération après la fin, dimanche, de l'Aïd el-Fitr. Place Rabaa, les plus jeunes comme les plus âgés affirment tous qu'ils ne bougeront pas. Selon le pouvoir en place, «des armes automatiques sont stockées». Des accusations impossibles à vérifier, tant pour l'heure, les seuls signes visibles d'une possible résistance sont les barricades de briques et de sacs de sable bloquant les principaux accès aux deux places, ainsi que les bâtons et barres de fer dont sont dotés les membres du service de sécurité improvisé. R. I. / Agences