L?univers magique dans lequel l?enfant est transporté par le dessin animé est nécessaire, disent les spécialistes, mais il n?a pas que du bon. Les spécialistes sont unanimes : l?enfance, synonyme d?innocence et de jovialité, doit être «saupoudrée» de délire, de sensation d?évasion et de loufoquerie. Des ingrédients nécessaires pour l?émancipation biologique, émotionnelle et psychologique de l?enfant. Les dessins animés constituent, dès lors, le bon support didactique. Qui de nous ne pourra pas remonter aisément les beaux souvenirs enfouis dans les tréfonds de la mémoire et qui, une fois interpellée, fera jaillir les belles fresques immortalisées par Scoubidou, Goldorak, la Panthère rose, Tom et Jerry et la myriade d?amis qui nous attendaient patiemment, chaque jour, derrière l?écran, juste à la sortie de l?école. Gai, gai fut le bon vieux temps? du rire jusqu?à la folie, jusqu?à préparer le lit du sommeil sur les paupières. Si ce n?est pas Tom qui se fait casser les dents en traquant innocemment Jerry avec un fer à repasser, ce serait Scoubidou qui part en guerre dans sa légendaire naïveté pour détrousser un gang champion des hold-up. Et si ce n?est pas Goldorak qui actionne toute sorte d?armes pour anéantir la poussée maléfique de Vanda, ce serait alors Takaya qui, le pied sur l?accélérateur, nous donne à chaque virage amorti des frissons et des sueurs froides en scrutant, les yeux grands ouverts, ses belles prouesses au volant de son bolide. On n?aura pas à rougir en avouant un jour avoir superbement grandi avec les dessins animés, jusqu?à en faire une partie de notre personnalité de petits et innocents êtres. Des images restées indélébiles, car dans une si tendre jeunesse, on préfère avoir un tas d?amis, ceux qui nous font apprendre une denrée précieuse, à consommer au plus vite : le rire. Une bouffée qu?on perdrait, à coup sûr, une fois devenus grands, car étant préoccupés par autre chose beaucoup moins innocent que le rire. Mais peut-on dédouaner les dessins animés de tout soupçon ? Pour bon nombre de psychologues, ce genre d?art consacré principalement aux enfants ne peut pas être classé parmi les émissions inoffensives. En effet, les dessins animés contiennent souvent de la violence, du sexisme, du racisme et beaucoup de clichés. Ils offrent certes un exutoire et un monde fantaisiste nécessaire, mais à six ou sept ans, l?enfant n?est pas assez mûr pour faire le distinguo entre la fantaisie et la réalité. Face aux assauts répétés des héros en tout genre dans les chaînes étrangères en continu et l?absence préoccupante de la production nationale, les spécialistes appréhendent aussi un facteur dérangeant : l?acculturation. Selon l?un d?eux, «les enfants qui regardent beaucoup de dessins animés ont tendance à accepter davantage les stéréotypes». Cela influe directement sur leur personnalité. Pour exemples, plusieurs garçons ont subi de graves blessures en voulant imiter leurs héros. Ainsi, le lien entre l?acte «criminel» et les images de ces dessins animés demeure dans de larges proportions indiscutable. Car à 5, 6 ou 7 ans, la sensibilité de l?enfant est plus grande : il est à la fois très réceptif et influençable.