7e art La cinématographie tunisienne est à l?affiche et, à cette occasion, la Cinémathèque algérienne a projeté, jeudi, un long-métrage de Réda Behi. Le film, réalisé en 2002, raconte l?histoire de Raouf, un jeune réalisateur qui raconte, à son tour, son rapport avec le cinéma, notamment lorsqu?il était enfant et quand il a découvert la magie du 7e art, et cela grâce à Mansour, son oncle, projectionniste ambulant. Le film se conjugue alternativement à deux modes : tantôt au présent ? moment où Raouf est confronté à un malaise conjugal, avec les déboires du couple ? tantôt au passé à l?instant même où son enfance ressurgit des recoins de sa mémoire ; et c?est dans ce passé lointain que le film tire tant sa substance que sa signifiance. Raouf est marié à Lou, une Française qui, après dix ans d?union, envisage le divorce ; son mari, ne comprenant pas son comportement soudain, tente la réconciliation. Toutefois, cela va de mal en pis. Entre-temps, Raouf évoque son rapport au cinéma, une sorte d?évasion, une tentative d?oublier sa vie conjugale, et pour cela il va remonter jusqu?à son enfance : là, l?on est projeté plus de vingt ans en arrière, époque à laquelle il commence non seulement à découvrir la féerie du cinéma, mais aussi les arcanes de l?amour, il s?initie ? inconsciemment et innocemment ? au monde féminin, monde secret et plein de mystères et aussi complexe que, d?ailleurs, il ne comprend pas parce qu?il ne répond pas à ses questionnements, tous naïfs. Comme les femmes ? ou bien l?amour ? le cinéma est un univers mystérieux et étonnant, un monde magique où toutes les libertés sont permises, un univers privilégiant l?imaginaire, les sentiments au conscient. Et de cette comparaison rapprochée est née la relation entre un enfant ? et plus tard un adulte ? et le 7e art. En fait, il y a un rapport dénotant une réelle passion vouée au cinéma de la même manière qu?elle est vouée à la femme. Alors que Raouf évoquait son enfance, ses moments de pur bonheur et d?innocence enfantine, l?image de son père, image imposante, vient éclabousser, comme une tache noire sur un drap immaculé, ses douces impressions et réminiscences ingénues. Elle vient hanter ses souvenirs. Son père est représenté comme ferme, sévère, une autorité suprême, une sorte de dieu qui, refusant tout dialogue, agit en maître absolu et envers lui et envers sa mère et même envers son entourage. Nul ne peut le contester. Car il a toujours raison. La boîte magique, faisant allusion au cinéma et en particulier à cette boîte à l?intérieur de laquelle on regarde défiler sous nos jeux une série d?images tout en actionnant à la main une manivelle accrochée sur son côté pour faire dérouler le film, est une expression cinématographique poignante, racontant avec beaucoup de sensibilité et d?imagination une existence, voire une enfance. C?est par l?entremise de la mémoire affective liée au cinéma que tout un monde resurgit de l?inconscient et ce monde dit en image est merveilleux comme cette «boîte magique».