Les tueurs en série sont généralement des hommes. Il y a une explication simple à cela, les tueurs en série sont des «malades» à la sexualité perturbée, qui s'attaquent aux femmes ou aux enfants. L'homme a, semble-t-il, des pulsions sexuelles beaucoup plus compliquées que celles de la femme. Ainsi, il y a plus de criminels masculins que féminins dans les statistiques. Lorsqu'une femme tue, le public s'en étonne davantage. On attribue aux femmes plus de douceur, moins de violence, elles ignorent en grande majorité le maniement des armes à feu. Bref, le crime n'est pas réellement une spécialité féminine. Bien sûr, il y a les empoisonneuses, les jalouses, les voleuses d'héritage ; il y a quelques tueuses de leur propre enfant : on se souvient de cas célèbres, comme celui de Denise Labbé qui noya jadis son enfant dans une lessiveuse, ou d'une certaine ogresse dite de la «Goutte d'or», qui étranglait systématiquement les bébés qui lui étaient confiés. Rarissime chez la femme, le crime d'enfants est toujours un sujet de stupéfaction. C'est pourquoi le cas de Beverley, vingt-quatre ans, infirmière anglaise, a tant frappé l'opinion britannique. Quelle pulsion provoquait chez cette jeune fille, qui avait de plus choisi un métier d'aide à la souffrance humaine, le besoin de tuer des enfants en série ? Vingt-quatre ans donc, boulotte, grosse même selon la gravité momentanée de sa boulimie, visage sans éclat, mais sourire fait infirmière. Elle a prétendu l'être pour se faire embaucher à l'hôpital municipal de Grantham. En fait, elle a raté ses examens au bout de deux années d'études. Difficile d'obtenir un diplôme en étant malade quasiment un jour sur deux, ce qui était officiellement son cas. Pendant ces deux années-là, ses arrêts maladie sont incessants, cent quatre-vingts jours en tout. Elle est régulièrement hospitalisée, dans ce même établissement de Grantham, une vingtaine de fois, et il s'agit toujours du même genre de «maladie». Des blessures, des plaies aux mains, au ventre ou dans le dos. Le corps de Beverley est couvert de cicatrices. Ces blessures ont une origine évidente pour les médecins : automutilation. Cela porte le nom bizarre de «syndrome de Münchhausen». Le célèbre baron dit baron de «Crac» en français, aux aventures multiples, vantard, fanfaronnant et exhibant ses nombreuses blessures, a donné son nom à ce besoin d'automutilation qu'éprouvent certains malades. Il y a ceux qui réclament sans arrêt des interventions chirurgicales inutiles et font le tour de toutes les cliniques et hôpitaux en se plaignant de douleurs imaginaires. Il y a ceux qui pratiquent eux-mêmes, au couteau ou au rasoir, des blessures de toutes sortes, afin de réclamer des soins et d'orner leurs corps du maximum de cicatrices. Beverley fait partie de ce dernier cas de figure; elle entre à l'hôpital de Grantham pour cette raison une bonne vingtaine de fois, durant ses études ratées d'infirmière. Et pourtant elle a la vocation, elle désire plus que tout au monde s'occuper des autres, c'est en tout cas le discours qu'elle tient alors. Autre maladie dont souffre Beverley : l'anorexie mentale et la boulimie. Ce double trouble du comportement provoque des crises de fringale incoercibles ; le malade avale d'énormes quantités de nourriture, jusqu'à la nausée, et se fait vomir volontairement la plupart du temps. A d'autres périodes, il refuse toute nourriture. Ce comportement n'a pas réellement d'explication. On parle de problèmes relationnels entre la mère et l'enfant, de facteurs biologiques, de dépression, et la boulimie est extrêmement difficile à traiter, surtout lorsque le malade en fait un secret honteux. a suivre pierre bellemare