Intervention n «Il faut plus de dispositifs pour la protection de l'enfant et mettre en place des textes dissuasifs». Cinquante mille. C'est le nombre d'enfants qui subissent annuellement des maltraitances en Algérie. Une réalité des plus critiques dont a tenu à faire état ce matin à travers les ondes de la Radio nationale, le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (Forem), Mustapha Khiati. Le décalage entre les chiffres officiels qui font état de 10 000 cas de maltraitance par an, et les estimations de la fondation qu'il préside s'expliquent, selon lui, par le fait que «beaucoup de cas n'arrivent pas chez le médecin, le commissariat ou encore les postes de gendarmerie». Ces cas ne sont donc pas comptabilisés. Ajoutés à cela le tabou et l'omerta qui entourent le sujet dans les familles qui ne déclarent pas forcément, notamment les cas de «maltraitance intrafamiliaux». Pour lui le chiffre est estimé à «peut-être un peu plus de 50 000», indique-t-il. Pour faire face aux nombreuses agressions que subissent les enfants (viol, kidnapping, maltraitance, etc), le président de la Forem a insisté sur l'importance de pallier le vide juridique existant en matière de protection des enfants en Algérie. «Il faut mettre plus de dispositifs pour la protection de l'enfant et mettre en place des textes dissuasifs», a-t-il dit. Pourtant aujourd'hui, toute atteinte à l'intégrité physique d'un enfant est passible de lourdes peines allant jusqu'à la peine capitale. Précisément en cas de décès de victimes d'enlèvement. Allant dans le sens de ce texte de loi, M. Khiati ne manquera pas de préciser qu'il est persuadé qu'«il faut que les textes portent sur des peines maximales». Revenant sur ce texte de loi, il tiendra particulièrement à revenir sur deux questions qui, selon lui, méritent d'être révisées. Elles concernent en premier lieu les diverses grâces dont peuvent bénéficier trop souvent ces criminels. «La société demande que ce type de peines soient des peines incompressibles», insiste-t-il. Il est incompréhensible pour lui que «des grâces arrivent à réduire les 5 ans à 10 ans qu'encourent ceux qui commettent ce type de crimes à 2 ans et parfois moins». Il posera un autre point qu'il juge primordial : la récidive. «Un violeur est tenté de revenir à son acte, cela a été prouvé et montré dans plusieurs pays», indique-t-il. Pour lui, sur ce type de cas, le texte n'offre aucune précision. Il reviendra dans son intervention sur la notion de «responsabilisation» des parents pour les actes commis par des enfants de moins de 10 ans. Pour lui, dans les nouvelles dispositions pénales, il aurait fallu impliquer la responsabilité des parents pour les actes commis par cette catégorie. Lyès Sadoun