Maltraitance, violence physique, détournements, agressions sexuelles Le Pr Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (Forem) lance un signal d'alarme face à la situation inquiétante des enfants en Algérie. « Des milliers de mineurs sont victimes de sévices en tous genres et une centaine de kidnappings d'enfants sont à déplorer chaque année en Algérie», s'est alarmé, hier, le Pr Khiati. Plus de 1.500 enfants ont été victimes d'agressions sexuelles durant les 6 premiers mois de 2011. Le Pr Khiati qui s'exprimait sur les ondes de la radio Chaîne3, soutient que «les chiffres réels sont beaucoup plus importants». «La police elle seule, a enregistré 10.000 sévices en tous genres, contre les enfants en 2010. Si l'on ajoute les chiffres de la gendarmerie, des services de la médecine légale, de pédiatrie, le nombre de cas atteindra peut-être 50.000 ou 100.000 sévices en tous genres», explique le Pr Khiati. Selon lui, les cas qui sont recensés ne sont que la face cachée de l'iceberg. «Il est rare que les enfants signalent les agressions dont ils sont victimes, surtout quand les faits se déroulent au sein même de la famille», dit-il. Pour les organisations de défense des droits de l'enfant, il est temps de criminaliser ces actes ignobles. Les associations appellent à «faire de la dénonciation de ces crimes une obligation pénale». Et le Pr Khiati de plaider en faveur de «la promulgation d'un code de protection de l'enfant», qu'il juge «nécessaire pour rassembler tous les textes en vigueur, éliminer les contradictions entre les lois nationales et les conventions internationales de protection des enfants». Un tel code qui tarde à voir enfin le jour, devra également résoudre les nombreux problèmes auxquels font face les enfants. «Il y a de nouvelles exigences auxquelles il faut répondre, dont par exemple, la cybercriminalité», soutient-il. Le nombre d'enfants se retrouvant à la rue est aussi inquiétant. Le président de la Forem avance le chiffre de «15.000 à 20.000 enfants qui traînent dans la rue à travers tout le territoire national». Ce chiffre est le résultat d'une enquête réalisée par la Forem, il y a 3 ans. Autre phénomène qui menace l'enfance : les enlèvements, les services de sécurité ont recensé près d'un millier d'enfants enlevés en 10 ans. Soit une moyenne d'une centaine d'enfants kidnappés par an. Rien qu'au courant du mois de juin dernier, la gendarmerie nationale fait état de 36 enfants enlevés. «Il est nécessaire aujourd'hui, affirme le Pr Khiati, de mettre en place une stratégie spéciale pour lutter contre le phénomène des enlèvements d'enfants qui prend de plus en plus, d'ampleur». «La législation algérienne ne considère une personne disparue que si elle ne donne pas signe de vie pendant 48 heures, alors que tout se joue pendant les premières heures», explique le Pr Khiati. « Lorsque la disparition d'un enfant est signalée par ses parents, les services de sécurité devraient réagir dans les minutes qui suivent en diffusant sa photo et en mettant en place un périmètre de sécurité», dit-il. La législation algérienne continue d'accuser beaucoup de retard. «Il faut aussi être plus sévère dans les textes avec les auteurs de kidnappings. Nous sommes pour que la peine de mort soit maintenue pour les auteurs de kidnappings suivis de viols puis de meurtre», affirme M. Khiati. Il soutient que la peine devrait être dissuasive. La sensibilisation des parents lui paraît aussi une nécessité. «Quand on donne naissance à un enfant, on doit l'assumer», dit-il. Le président de la Forem avance le chiffre de 100.000 enfants qui quittent l'école chaque année. «Il faut trouver une solution à ces enfants en les prenant en charge», dit-il. Le Pr Khiati affirme que «ces enfants ne devraient pas être livrés à la nature». Les pouvoirs publics doivent mener des campagnes de sensibilisation pour amener les parents à assumer leurs responsabilités», insiste-t- il. Il faut absolument prendre en charge cette frange de la société», plaide-t-il. Invité par la commission de consultations sur les réformes politiques de Bensalah, Mustapha Khiati a estimé qu'il y a des problèmes plus urgents à résoudre que la révision de la Constitution : les difficultés auxquelles font face l'enfance et la jeunesse. «Les problèmes que l'on voit dans la vie courante touchent notamment la jeunesse».