Tragédie - La route continue de semer la mort dans notre pays et cette fois, c'est un jeune joueur du PAC, issu de l'Académie JMG qui en a fait les frais. Comme des milliers de jeunes de sa génération, Nef Abdelouahab venait d'obtenir son permis de conduire. Il rêvait, comme tout le monde, de rouler dans une voiture et de se sentir libre, voler même. Comme il rêvait de devenir un grand footballeur et épouser une carrière professionnelle. Il rêvait de revêtir le maillot national et de défendre les couleurs des Verts en reprenant «Qassaman» comme il l'a fait, il y a deux ans et demi, à Barcelone dans le vestiaire avant d'affronter les jeunes du Barça. Abdou avait tous ses rêves et bien d'autres, pour lui, pour sa famille qui en était déjà fier, ses amis et son club, le Paradou AC, et surtout cette Académie El-Ankaoui Jean-Marc Guillou dont il était le pur produit. Il faisait partie de la première génération de ces surdoués qui jouaient pieds nus à un moment donné et qui enchantaient les foules de par leurs qualités techniques bien au-dessus de la moyenne. Abdou était parmi eux, parmi les Zaky, Raouf, Abdallah, Rami, Anis et bien d'autres encore. Tous ces copains qui sniffaient le foot et suaient pour réussir. Abdou commençait, au même titre que ses amis, à cueillir les fruits de son labeur, de son sérieux, de ses qualités morales et de son sacrifice. Non seulement il était devenu, à 18 ans, titulaire au sein de l'équipe senior du PAC, mais l'été dernier il avait réussi des tests au FC Porto avec deux de ses coéquipiers Ramy Bensebaïni et Abdallah Daouadji. Mieux encore, il fera d'autres tests concluants, cette fois à l'O Lyon, où il a passé presque un mois parmi l'équipe réserve dans ce club qu'il devait rejoindre la saison prochaine. En attendant, Abdou et le reste de la bande des académiciens, devaient se consacrer à défendre les couleurs de leur club. Malheureusement, le destin en a voulu autrement, et tous ces rêves d'un jeune joueur promu à une grande carrière, se sont brisés au volant d'une voiture quelque part du côté des Eucalyptus dans la banlieue d'Alger. Transporté en extrême urgence à l'hôpital Zemirli d'El-Harrach, le jeune Abdou rendra son dernier souffle avant même que les chirurgiens, appelés pour l'opérer, n'interviennent. Le choc est terrible. Ses parents et sa famille sont meurtris. Son autre famille, celle du Paradou, qui l'a accueilli en 2007 alors qu'il n'avait que 12 ans, est également abattue. L'ambition Son rêve était de porter les couleurs de l'EN Contacté, le président Kheireddine Zetchi avait la gorge nouée et ne pouvait commenter cette terrible nouvelle qui vient d'ébranler son club et un de ses «enfants», car Abdou et tous les autres sont considérés comme tels. «Allah yarahmou», murmurait à peine le président qui a tant investi pour que tous ces jeunes, même s'ils ne deviennent pas forcément des Ronaldo ou des Messi seront de bons footballeurs à la carrière respectable, mais surtout de bons citoyens aux grandes valeurs. A InfoSoir, on s'est vite rappelé cette belle escapade des Académiciens à Barcelone en mai 2011, et dans l'avion du retour, avec un air timide et un regard plein d'espoir, Abdou nous disait : «J'espère que nous aurons d'autres opportunités pour nous distinguer et représenter dignement notre pays.» Il avait l'Algérie dans le cœur et se battait chaque week-end pour progresser et aller de l'avant, comme ce fut le cas il y a quelques jours contre le RC Kouba (1 à 1) en Division amateur. Ce fut son dernier match et la dernière fois où il a été vu sur un terrain de football.