Origines - Comment ne pas être hanté par la mer quand on est venu au monde dans la ville de Dellys, dans le prolongement du littoral kabyle ; et qu'on l'a choisie comme port d'attache à vie ? Bachir Toudji le dellysien de souche, n'a pas dérogé à la règle des habitants natifs de cette si jolie cité bourgeoise, il vit en fusion avec le large. Ses toiles, en grande partie, sont le reflet de cet amour qu'il cultive par le pinceau et les tubes de peinture pour l'environnement marin. Marins pêcheurs, barques, embruns ou lames en furie, horizon brumeux ou ciel bas, les tableaux de l'artiste peintre deviennent le legs familial de plusieurs générations d'hommes de la mer qui coule dans les veines du peintre... Les couleurs étendues sur la toile au couteau gardent toute leur force sans amalgame d'eau. La palette des coloris reste primaire avec le bleu, le jaune et le rouge qui ne se dissocient pas de leur «violence». Le travail est vigoureux, les touches épaisses, denses et en mouvement, ce qui fait dire à Bachir Toudji que son travail d'artiste est baigné de l'influence impressionniste. On retrouve la teinte presque blafarde des cieux dans plusieurs de ses créations faisant allusion au petit jour laiteux, heure du retour des pêcheurs à peine arrivés, le fruit de leur labeur dans les filets. Montagne et grand large se côtoient. Se complètent. Outre l'univers maritime, chez Toudji il y a également la montagne faisant vis-à-vis. Deux natures différentes qui fusionnent dans notre univers. Sur les toiles du peintre aussi. Les huiles faisant référence à la montagne ou aux champs de fleurs, où d'ailleurs le coquelicot foisonne en taches gaies, riantes, laissent apparaître l'adepte écologique. Cela va de soi. Et il l'affirme avec vigueur. D'autant que Dellys a un pied dans les vagues et un autre dans la campagne. S'exprimant sur son art, Monsieur Toudji dira : «Ma peinture n'est pas intellectuelle, elle est l'émotion de la nature ...». Tout est dit. Milieu naturel non altéré, végétal à l'état pur, plages propres, champs reproducteurs de moissons ainsi est l'idéal de notre artiste peintre. «La création divine doit être sauvegardée de l'envahissement négatif du béton.» Bachir Toudji croit dur comme fer au don de la nature s'agissant de sa vocation de peintre. Ou de tout autre appel silencieux vers un idéal. A 7ans, il est resté médusé devant une boîte d'aquarelles. L'étincelle se fit dans le cœur de l'enfant. Ainsi, la couleur s'installa dans sa jeune vie. Il fait partie de ces nombreux artistes autodidactes, puisque son vrai métier est de sillonner les mers sur un bateau. Oui, il est officier de marine marchande en retraite anticipée. Il en a vu des tempêtes, ressenti le roulis lors des gardes sur le pont et fait des expositions lors de ses escales. Dellys ? «Ses enfants reviennent même de New York pour boire un bon café sur le port». Bon vent monsieur Toudji !