Il est 13h 30. Des élèves de tout âge, de différentes générations, des jeunes, des adultes et des vieux, entrent en classe. Sur instruction de leur enseignante Sihem, ils ouvrent les cahiers et les livres et entament une lecture silencieuse. C?est un jour d?examen. Ils ont été informés et la plupart se sont préparés. Un silence de mort règne dans la salle. Des bribes de mots, des murmures s?échappent des bouches comme des prières. Ces étudiants de la vie ont décidé de braver le mépris de la société pour s?instruire, pour prendre un stylo, écrire et lire. Pour tracer le chemin de leur existence et sortir des ténèbres de l?ignorance. Ils lisent un par un, l?enseignante, assise sur son bureau au fond de la salle, note. Ensuite, un test de dictée. En faisant le tour de la classe, Sihem lit le texte et le relit plusieurs fois, en appuyant la prononciation des mots. Les élèves, dont Mourad, un commerçant et père de famille, se succèdent au tableau pour la correction. Une autre interrogation grammaticale. Il faut placer des mots dans des paragraphes. Quelques minutes plus tard, les écoliers corrigent. Une écriture maladroite, non alignée, qui exhale un espoir et une rage de vivre, tracée avec des mains ridées et tremblantes. Des femmes voilées, des mères de famille, des jeunes filles et garçons s?y mettent. Ils sont ici pour dire que la science n?a pas d?âge, que le savoir n?a pas d?identité et qu?il n?est jamais trop tard pour s?instruire et pour? vivre.