Résumé de la 3e partie - Le psychiatre convoque la mère d'Ilsa qui dit avoir honte du comportement de sa fille, loin d'être honorable... Au bout d'une semaine d'isolement, réduite à l'état de larve par les médicaments, amaigrie par le manque de nourriture - car elle a été nourrie uniquement par perfusion - Ilsa Schott est assise en face du médecin. Fébrile, un peu égarée, elle a du mal à parler et s'exprime lentement. On l'a lavée, peignée en tordant ses lourds cheveux dans sa nuque, de larges cernes entourent ses yeux bleus qui n'étincellent plus. «Comment vous sentez-vous ? — Arrêtez toutes ces drogues, tous ces gens qui me touchent et me traitent comme un bébé, arrêtez ça. Vous allez me rendre vraiment dingue, je n'ai plus de force. — Vous êtes calme, c'est tout. — Calme... Quand on est calme, on n'est plus fou ? — On est moins malade. — Mais pour vous, on est fou tout de même. — Vous allez retourner dans le dortoir commun. Vous êtes contente ? — Je suis contente. — Vous serez raisonnable ? — Je serai tout à fait raisonnable. — Si vous l'êtes vraiment, vous pourrez reprendre une vie normale. — Et votre truc à l'électricité ? — Pour l'instant, vous n'avez pas besoin de cela. Nous verrons si votre état s'améliore. — Sinon, j'y passerai ? — Ne vous effrayez pas, je préfère essayer une psychothérapie. Nous allons tenter de comprendre ensemble ce qui vous a perturbée. — Vous avez vu ma mère, n'est-ce pas ? Elle vous a raconté les choses à sa façon. Elle n'a jamais aimé de sa vie, elle ! Elle ne sait pas ce que c'est, un corps qui disparaît. Je l'aimais, Frederick ! On nous disait : «Ah non, pas avant le mariage.» Il pourrit dans l'eau d'un lac maintenant, et moi, je le cherche ailleurs, chez les autres hommes. Il y en a qui lui ressemblent. C'est comme mon fils, je ne l'ai jamais vu. Il a onze ans. Lui aussi, il pourrit quelque part dans un orphelinat. Je ne sais pas qui est son père. Mais qu'est-ce que ça peut faire ? C'était peut-être un petit Frederick. Comme ce gamin - il était si mignon, presque un homme déjà. Sa mère a dit que je l'avais violé. L'imbécile ! Je voulais le respirer, c'est tout. Pour savoir comment c'est, un petit garçon, il faut le respirer. C'est du vice, ça ? C'est pour ça qu'on est fou ? On vous enferme, vous, quand vous aimez une femme ? On vous enferme quand vous jouez avec vos enfants ? Non ! Peut-être qu'on devrait : si c'est mal pour moi, c'est mal pour vous. — Ce n'est pas pareil, Ilsa. Moi, je n'ai pas d'idée fixe, vous, vous recherchez un être mort et un autre qui est éloigné de vous. Il faut oublier. — Alors, je suis folle parce que je n'oublie pas ? Vous ne me ferez pas croire ça. En réalité, c'est ma mère qui ne me supporte pas, et les femmes du quartier qui sont furieuses parce que je me conduis dans la vie comme une putain et que je ne me fais pas payer. C'est ça qui les tracasse, le fait que je ne demande pas d'argent. Alors, elles me veulent enfermée, comme une folle, mais moi je leur prouverai que je ne suis pas folle. — C'est bien, Ilsa. Vous allez retourner dans votre dortoir. — Avec celle qui se gratte ? Celle qui hurle ? Celle qui se balance ? Celle qui fait la morte ? Et l'autre qui se laisse crever dans un coin, qui veut mourir, qui pleure toute la nuit en disant qu'une araignée lui ronge la tête ? — Si vous êtes solide et calme, vous pourrez les aider et aider les infirmières. C'est le premier pas vers la guérison. — Je suis là pour ça.» (A suivre...)