Alger, le cri premier roman de Samir Toumi est un récit entre intimisme et existentialisme. Ecrit à la première personne du singulier, l'œuvre évolue dans une atmosphère d'amour, de haine, de passion et d'amitié même pour une ville : Alger. Bien que, d'emblée, Samir Toumi se défende de faire de la capitale l'héroïne du livre. «Ce n'est pas un livre sur Alger», a déclaré l'auteur lors d'une rencontre à l'espace Plasti, et d'ajouter : «Je m'appuie sur la ville pour trouver ma parole et la difficulté de l'écriture...» Il apparaît au fur et à mesure de la rencontre avec le public que c'est une contradiction notoire par rapport au texte. Il y a une recherche du moi physique avec pour corollaire l'existence et le lien dans et avec la ville d'Alger. Il y a également une prospection dans les profondeurs du moi intérieur. Cette dualité ou complémentarité philosophique soufie «el batîn et el dahîr». D'où le cri. La complexité du rapport. Je t'aime. Je te hais. Tu es hideuse. Tu es belle. Je te fuis. Je reviens vers toi. Des allers-retours qui se construisent, s'agencent en «un rapport compliqué et conflictuel», explique Samir Toumi pour qui l'écriture est utilisée dans ce livre comme thérapie. C'est ainsi que la capitale devient un exutoire pour l'homme qui veut se débarrasser de ce trop-plein d'amour tourmenté qu'il ressent pour la ville. Ou contre lui-même. «Tourmentée, pas facile à vivre, réceptacle des souvenirs et de la mémoire, mère nourricière, maîtresse, amante», autant d'adjectifs forts et percutants sont couchés sur le papier durant trois ans pour dire Alger, une des plus belles baies du monde, la chanson chaabie, la pollution, la laideur... et «le rapport compliqué avec le bonheur» que cultivent savamment les Algérois et les Algériens. Aujourd'hui, Samir Toumi avoue être libéré par le poids de cette dualité et cette coexistence grâce à l'écriture qui lui a permis d'extirper les états profonds de son âme. «Une écriture-vérité». A signaler que Amine Idjer a prêté sa voix pour la lecture de certains passages du roman qui se veut critique et réaliste.