Emouvant documentaire qui retrace le parcours d'une écrivaine singulière et énigmatique. «Une petite fille curieuse. Une adolescente secrète et passionnée. Une jeune écrivain des années 30. Une femme amoureuse. Une intellectuelle engagée. Une épouse. Une professeur attentive. Une amante. Une artiste qui ne cherche pas l'éclat. Une mère. Une rêveuse tourmentée. Une vieille dame érudite. Un oiseau de nuit. Ma grand-mère.» Madeleine Bourdouxhe. Auteur de La femme de Gilles. Ces paroles presque chuchotées par sa petite-fille, réalisatrice, Nadia Benzekri dans son documentaire Une lumière la nuit nous plongent dans l'histoire de cette grande dame que fut Madeleine, un autre grand personnage énigmatique et mystérieux qui nous renvoie un peu à la fameuse Madeleine chantée par Jaques Brel. cette année sera l'anniversaire de la sortie de son roman, belle coïncidence qui nous fait découvrir, à nous, Algériens, cette formidable auteur qu'était cette femme, dont l'amour pour son mari Jacques aura compté autant que pour l'écriture. Mordue de livres, elle rencontrera lors de ses ballades à Paris un autre couple célèbre, Sartre-Beauvoir qui, sans doute, lui sera un modèle de liberté et de créativité...Un peu timide et réservée comme a dû l'être sa grand-mère, Nadia Benzikri brosse dans ce documentaire un saisissant portrait de sa grand-mère, assez émouvant mais fait dans la sobriété et la retenue, chose qui est difficile quand il s'agit d'un être proche. «Ce qui m'a enthousiasmé à faire ce documentaire est d'essayer de trouver cet équilibre et la bonne distance pour le faire, je me suis basée d'abord sur des photos pour mes recherches,constitué un dossier puis interviewé certaines personnes. Je ne voulais pas trop poser de questions. La partie écrite s'est faite au niveau du montage.» Présenté à la cinémathèque algérienne, hier, en présence de Frédéric Fontaine le réalisateur du film La femme de Gilles d'après le roman du même nom de Madeleine Bourdouxhe, le film sur cette dernière est venu après que le producteur de La femmes de Gilles, Patrique Quinet ait travaillé sur le long-métrage. Ce qui a intéressé par ailleurs le réalisateur, c'est nous, a-t-il avoué, hier, lors du point de presse et ce rapport ou dualité «amour-écriture» qui se nourrissait chacun dans l'autre, trouvant là, la source de la force de cette magnifique auteur que les Belges apprennent à redécouvrir. Un film qui l'a fait pensé à ses deux grands-mères lors du tournage. «j'ai découvert plusieurs aspects de ma grand-mère que je ne connaissais pas mais qui collaient avec ce que je connaissais d'elle. J'ai fait connaissance avec l'adolescente, la jeune fille. J'ai fait ce film à un âge qui se rapprochait de celui qu'elle avait quand elle a écrit ce roman. «C'était assez troublant et émouvant», confie Nadia.A propos du titre de son documentaire, la réalisatrice explique: «Ma grand-mère écrivait surtout la nuit, ses élèves quand ils passaient le soir trouvaient la lumière de sa chambre allumée, c'était rassurant pour eux. C'est le côté oiseau de nuit d'elle que je voulais souligner ce point, cette solitude..» Le film La femme de Gilles sera pour info, projeté aujourd'hui à 19h, en présence du réalisateur, à la salle Ibn Zeydoun et une seconde fois le jeudi 26 janvier et ce, dans le cadre toujours du festival du film européen en Algérie.