Constat - Sur le terrain, beaucoup d'éleveurs ont préféré abandonner l'activité avicole. Et ceux qui ont eu le courage de la continuer considèrent qu'ils ne sont pas responsables de la cherté du poulet sur les étals des détaillants. En 2010, le niveau de consommation des viandes blanches, en Algérie, s'est situé entre 12 et 15 kg/habitant/an, soit environ 0,035 kg/habitant/jour. Un taux faible par rapport aux normes. Les pouvoirs publics ont projeté de faire passer ce niveau de consommation des viandes blanches, d'ici à deux ans, à 20 kg/habitant/an. Et pour pouvoir atteindre cet objectif, le gouvernement a décidé de reconduire l'exonération de la TVA et des droits de douanes sur le maïs et le soja. Ces mesures visaient la sauvegarde de la filière avicole et par conséquent la stabilité des prix. Pendant ce temps, les différents intervenants dans cette filière, notamment les importateurs, les éleveurs et les producteurs d'aliments ont mis en avant les insuffisances des autres segments de l'activité. Dans ce cadre, ils ont signalé la faible adhésion des abattoirs au système Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation). En effet, sur 15 abattoirs agréés disposant d'importants moyens de stockage, seuls deux ont adhéré à ce système. Par ailleurs, ces intervenants ont appelé à l'augmentation de la prime de stockage de 2,92 DA à 7 DA le kilogramme. Sur le terrain, beaucoup d'éleveurs ont préféré déserter l'activité avicole. Et ceux qui ont eu le courage de continuer leur activité se disent non responsables de la cherté du poulet sur les étals des détaillants (230-260 DA/kg). Comme arguments, ils avancent qu'ils cèdent leurs élevages à des revendeurs abatteurs à des prix très proches du coût de revient. Pour avoir leur agrément, les éleveurs sont livrés à des contraintes bureaucratiques. Ce qui les pousse à activer au noir et donc d'encourir divers risques. Les produits avicoles sont chers parce que le coût de production est élevé. Le marché n'obéit pas uniquement à la règle de l'offre et de la demande, comme on peut le penser. Et pour freiner ou mettre fin à l'envolée des prix, les consommateurs et les petits éleveurs ont appelé au boycott de l'œuf. Pour eux, l'argent de la subvention dont bénéficie la filière va directement dans les poches des importateurs et des grossistes. Outre les coûts de production élevés, on peut, également, relever la multiplication des intervenants dans le domaine avicole. Des commissions, des comités, des offices convoitent la poule et son œuf. Laissons donc la poule pondre et couver en toute sérénité ! Selon une vétérinaire de la direction des services agricoles, la vente du poulet de chair se pratique chez nous sans traçabilité. «Pas de traçabilité à l'échelle nationale», nous confiera-t-elle. Par ailleurs, un aviculteur nous a fait savoir que l'œuf et le poulet n'échappent aucunement à la contrebande. Selon lui, les trafiquants, à nos frontières Ouest, écoulent des poussins au Maroc et sur nos frontières Est, ils détournent l'œuf et le poulet de chair vers la Tunisie et la Libye.