Nul ne peut être chassé de son travail sans raison impérieuse. C'est là un acquis sacro-saint de la civilisation et du progrès humain. Quel que soit le poste occupé, du plus subalterne à celui du grand dirigeant ou du commis de l'Etat. Des lois existent pour prémunir tout le monde contre l'abus et le fait du prince. De même qu'une armée de fonctionnaires et de magistrats, pour faire réintégrer ou indemniser fortement quiconque, a été révoquée ou licenciée abusivement. Même si la victime travaille au domicile même de son employeur. Mais, bizarrement, il se passe qu'au cours de ces dernières années, ce ne sont pas le personnel de maison ou les salariés du secteur privé qui font les frais de tels abus. Bizarrement et signe des temps, c'est dans le secteur public et étatique que les lois sont bafouées, que les pères de famille sont jetés à la rue sans aucun ménagement et que les décisions de justice sont ignorées au grand dam d'un syndicat occupé à s'empiffrer et d'une société qui se cherche encore. Longtemps après avoir mené les travailleurs en bateau et après leur avoir fait croire à une sorte de société idéale où l'outil de production était leur propriété, juste pour les endormir et les berner, les salariés du secteur public ont été jetés par centaines de milliers à la rue, sous prétexte de redressement économique. Ceux qui ont eu la chance de garder leur emploi, se retrouveront, du jour au lendemain, dans des entreprises dont on ne sait plus que faire et que les pouvoirs publics se montrent parfaitement incapables ni de relancer ni de liquider. Leurs salariés sont considérés un peu comme des mendiants qu'on entretient à défaut de pouvoir s'en débarrasser. Et pendant que les cadres supérieurs continuent de se sucrer, de s'attribuer des salaires mirifiques et des privilèges exorbitants, les autres salariés ont intérêt à ne pas broncher. Au moindre souffle de vie, ils sont licenciés comme des malpropres, en violation de toutes les lois. Les gestionnaires vont même jusqu'à refuser d'appliquer les décisions de justice de réintégrer les travailleurs licenciés, se contentant de payer les journées indûment chômées. Comme l'argent ne sort pas de leur poche, ils acceptent même de payer des astreintes faramineuses, mais trouvent toujours l'astuce de contourner le verdict, sous prétexte que celui-ci n'est pas exécutoire. Il existe des dizaines de milliers de travailleurs dans cette situation. Certains n'ont même pas pu obtenir le droit d'être payés, comme cela a été ordonné par la justice. Beaucoup ont été licenciés parce qu'ils ont osé déplaire au patron. Dans les structures de l'Etat, les fonctionnaires ne sont pas mieux traités, puisqu'ils sont révoqués pour la moindre saute d'humeur du maître de l'heure. Quelle déchéance !