Les deux informations sont tombées tard dans la soirée : la Tunisie a désormais sa Constitution et son gouvernement d'indépendants. «L'histoire retiendra avec beaucoup de fierté cette journée», a déclaré le président de l'Assemblée Ben Jaâfar. Cette adoption est intervenue après l'annonce de la composition du gouvernement devant conduire le pays à des législatives et présidentielle en 2014. L'Assemblée nationale constituante (ANC) a approuvé cette loi fondamentale à une majorité écrasante de 200 voix pour, 12 contre et 4 abstentions, dépassant largement la majorité nécessaire de 145 votes. «L'Histoire retiendra avec beaucoup de fierté cette journée», avait proclamé juste avant le vote le président de l'Assemblée, Mustapha Ben Jaafar. Les élus ont célébré l'événement en chantant l'hymne national brandissant des drapeaux tunisiens et les doigts formant le «V» de la victoire. Ils ont ensuite scandé : «Fidèles, fidèles au sang des martyrs de la révolution» de janvier 2011 qui chassa Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir. «Nous sacrifions notre âme et notre sang pour toi Tunisie», ont-ils également scandé dans un moment d'unité dans cet hémicycle qui pendant plus de deux ans a été marqué par les disputes, les échanges d'invectives et les controverses. «Dans cette Constitution, tous les Tunisiens et Tunisiennes se retrouvent, cette Constitution préserve nos acquis et jette les fondements d'un Etat démocratique», a, pour sa part, déclaré Mustapha Ben Jaafar. «Je me sens pour la première fois réconciliée avec cette assemblée», a déclaré Nadia Chaabane, députée du parti Massar, opposé aux islamistes, en référence aux multiples controverses qui ont marqué les travaux de l'Assemblée constituante (ANC). L'adoption du texte intervient quelques heures après l'annonce de la composition d'un gouvernement d'indépendants devant conduire la Tunisie vers des élections législatives et présidentielle en 2014. Le nouveau gouvernement, qui doit recevoir dans la semaine la confiance de la constituante, a été composé par le ministre de l'Industrie sortant, Mehdi Jomaâ. Il a été choisi à la mi-décembre, mais la classe politique aura mis six semaines à s'accorder pour lui laisser les rênes. «J'ai formé ma liste sur la base de trois critères : la compétence, l'indépendance et l'intégrité», a-t-il dit, après avoir remis la liste des ministres au président Moncef Marzouki. Ce cabinet est «une équipe extraordinaire qui a conscience des défis», a-t-il ajouté, «la mission n'est pas facile», la Tunisie étant sans cesse déstabilisée par l'essor de jihadistes, les batailles politiques et les conflits sociaux, déjà moteur du soulèvement de 2011. Le gouvernement regroupe aussi bien des hauts fonctionnaires, des magistrats que des personnalités venues du privé. Le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a, par ailleurs, été maintenu, bien que ses détracteurs aient lutté jusqu'au bout pour qu'il quitte ses fonctions. M. Jomaâ a souligné enfin que «les élections représentent la priorité des priorités». A ce titre, les travaux de l'ANC ne sont d'ailleurs pas terminés, une législation électorale devant encore être adoptée. Les félicitations de l'Algérie L'Algérie a salué l'adoption de la nouvelle Constitution tunisienne et réitéré son «plein soutien» pour la mise en œuvre de la feuille de route du nouveau gouvernement, a indiqué ce matin le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani. L'Algérie salue également l'adoption, à une écrasante majorité de la nouvelle constitution. «Nous partageons la fierté du peuple tunisien qui a su, grâce à la sagesse et au sens des responsabilités de ses représentants, faire triompher l'esprit de la concorde et cristalliser dans cette loi fondamentale un consensus national à même de permettre au pays de franchir avec succès les prochaines étapes de la transition», a-t-il ajouté. Les présidents du Conseil de la nation et de l'Assemblée populaire nationale (APN), respectivement MM. Abdelkader Bensalah et Mohamed Larbi Ould Khelifa ont, pour leur part, entamé dans la matinée de ce lundi, une visite en Tunisie pour assister à la séance plénière, organisée par l'Assemblée constituante tunisienne (ANC), à l'occasion de l'adoption de ce projet. La présence des présidents des deux chambres du Parlement à la séance plénière de l'Assemblée constituante, intervient à l'invitation du président de l'ANC, Mustapha Ben Jaafar.