Réaction ■ Après un an de mutisme absolu, le président de la République décide enfin de répondre aux attaques frontales dirigées contre l'armée et plus particulièrement le chef du renseignement. Le crash d'un avion militaire à Oum El-Bouaghi est venu rompre ce silence assourdissant et inquiétant. Dans la lettre de condoléances adressée hier au chef d'état-major de l'ANP, Abdelaziz Bouteflika affirme qu'aucune atteinte à l'Armée nationale populaire (ANP) ne sera tolérée. «Nous sommes certes habitués à des dépassements émanant de certains milieux à l'approche de chaque échéance mais, cette fois-ci, l'acharnement a pris une ampleur que notre pays n'a jamais connue depuis l'Indépendance, allant jusqu'à tenter de porter atteinte à l'unité de l'Armée nationale populaire ainsi qu'à la stabilité du pays et à son image à l'étranger», a-t-il indiqué. Et de poursuivre : «Nul n'est en droit, quelles que soient ses responsabilités, de s'en prendre à l'Armée nationale populaire ni aux autres institutions constitutionnelles» du pays. Cette déclaration du chef de l'Etat est une réponse claire et sans équivoque au SG du Front de libération nationale qui s'était distingué par des déclarations explosives à l'encontre du service des renseignements généraux et plus particulièrement son chef, le général de corps d'armée Mohamed Mediene dit Toufik, et ce, même si le rappel à l'ordre de Bouteflika arrive en retard d'une bonne semaine, chargée de polémiques, d'insultes, de provocations et de règlements de comptes. En outre, la prise de position présidentielle ne répond pas à toutes les interrogations et les interprétations quant aux véritables motivations de cette guerre qui ne dit pas son nom. Cependant, une chose est sûre, Amar Saâdani est plus isolé que jamais après ce message qui vient corroborer la salve de protestations suscitées par les graves accusations portées par le SG du FLN à l'encontre du général Toufik. Saâdani avait appelé le chef du Département de renseignements et de sécurité (DRS), en poste depuis 1990, à démissionner, jugeant qu'il avait échoué à assurer la sécurité dans le pays, citant l'assassinat de Mohamed Boudiaf et l'attentat manqué contre Abdelaziz Bouteflika à Batna. Il a fait endosser au DRS la responsabilité de l'attaque du site gazier de Tiguentourine, tout comme il a accusé les colonels du DRS d'être impliqués dans des affaires de corruption et dans la gestion des partis politiques. L'armée n'a pas réagi officiellement à cette attaque. Le chef de l'Etat, 76 ans dont 15 ans au pouvoir, n'a pas encore annoncé s'il briguait un nouveau mandat au scrutin du 17 avril, mais Saâdani répète régulièrement qu'il est le candidat de son parti tout en accusant le général Toufik d'être hostile à un 4e mandat de Bouteflika.