Il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade, dit ironiquement la sagesse populaire. Birgit von R., blonde baronne allemande aux yeux bleus de porcelaine, est riche, seule et, somme toute, bien qu'elle ne soit plus de toute première jeunesse, en assez bonne forme physique. Elle est pourtant bien malheureuse car la solitude lui pèse depuis qu'elle a perdu le baron. Elle ressent le besoin de refaire sa vie et, comme elle en a les moyens, elle s'adresse à une agence matrimoniale qui lui garantit que, malgré son âge, elle va sûrement retrouver un compagnon digne d'elle. Quand on sait que sur le «marché du mariage» on rencontre dans les fichiers des agences un grand nombre de messieurs de moins de quarante ans et de revenus parfois modestes, il est évident qu'il peut être difficile de les assortir avec des dames qui sont, elles, souvent pourvues de moyens financiers intéressants mais qui ont souvent aussi, hélas, largement dépassé la quarantaine. Si l'on reste conscient du fait qu'une riche dame de quarante-cinq ans n'acceptera que très rarement de refaire sa vie avec un ouvrier désargenté, même musclé et honnête, de dix ans plus jeune qu'elle... on comprend mieux les problèmes du «marché de la solitude». Mais Birgit croit qu'elle peut, grâce à l'agence, dénicher l'oiseau rare : beau physique, niveau intellectuel élevé, libre de tous liens et prêt à se laisser mettre la corde au cou par une fille «dans sa tranche d'âge». Tout d'abord les événements donnent raison à l'optimisme de Birgit. L'agence lui présente très rapidement l'homme idéal. Un professeur d'université, très connu dans une petite ville d'Allemagne de l'Ouest : il est beau, distingué, élégant. C'est pratiquement le coup de foudre. Pour la baronne Birgit, en tout cas... Comme elle n'a pas de temps à perdre, et lui non plus semble-t-il, les choses vont rondement. Petits dîners, promenades, week-ends en amoureux, longues nuits d'amour, petits déjeuners campagnards, longues promenades en barque. Birgit vit un rêve. Elle est persuadée que les mauvaises années sont loin derrière elle. Pourtant son bel amant n'est pas né de la dernière pluie. Birgit, avant de construire leur avenir, s'inquiète un peu de son passé au moins sur le plan sentimental. Il faut toujours se méfier d'un homme proche de la cinquantaine qui n'aurait jamais eu aucune liaison, aucune vie affective, à plus forte raison s'il vit encore avec sa maman. Mais ce n'est pas le cas de Rolf. Il a été marié... Il l'est encore à dire vrai, mais, ajoute-t-il avec un joli regard d'enfant pris en train de dérober des confitures, «nos relations ne sont plus que des relations d'intérêt financier, le divorce est en cours». Birgit soupire. Autant ferrer le poisson avant qu'une autre ne se mette en travers. L'homme «en instance de divorce» est souvent à nouveau «en main» quand le jugement est rendu. Hélas, un triste soir, tous les rêves de Birgit s'écroulent. Rolf, au bout du fil, lui annonce, sans grand ménagement, qu'après tous les bons moments, toutes les jolies soirées et toutes les nuits exaltantes qu'ils viennent de passer ensemble durant ces quelques semaines de bonheur, il est «contraint» de prendre une décision «qui fait mal» mais qui, pourtant, «tout bien considéré», est la seule vraiment raisonnable «pour le bien de tout le monde». Il «repart pour reprendre la vie commune avec son épouse»... Clic ! (A suivre...)