Récits ■ Zoubeida Mameria, qui a à son actif plusieurs publications dont des écrits pour les jeunes, raconte l'histoire de l'Algérie dans son dernier livre, ‘Kaléidoscope, mémoire de guerre', publié aux éditions Dar El-Kalima. Il s'agit d'un recueil de nouvelles qui ont pour thème commun la Guerre de Libération nationale. Elle y raconte le courage inconditionnel, voire l'héroïsme spontané de ces milliers de martyrs, morts pour que l'Algérie recouvre son indépendance . «J'ai eu envie d'écrire pour laisser le maximum de récits aux jeunes. Nos jeunes ne connaissent pas l'histoire glorieuse de leur pays. J'écris pour les jeunes. J'ai le devoir de communiquer avec eux. Je cherche à communiquer une certaine émotion. J'essaye de trouver la fibre sensible. Ce sont des récits avec une sensibilité humaine. Je veux que les gens ressentent cette sensibilité. L'écriture est un exécutoire pour moi. Je veux que mes livres circulent en Algérie, car c'est l'histoire des Algériens», explique-t-elle, avant d'ajouter : «J'ai voulu rendre hommage à tous ces inconnus de l'histoire nationale.» Ainsi, Zoubeida Mameria, toujours poussée par le devoir de mémoire, écrit pour sensibiliser la jeunesse algérienne sur la Guerre de Libération. Un engagement dont elle a d'ailleurs fait son cheval de bataille. Son recueil, préfacé par le journaliste et écrivain Amar Belkhodja, contient douze nouvelles. L'on peut citer ‘Dzaïr', en référence à cette première femme martyre algérienne, qui mourut le 19 novembre 1954, à l'âge de 18 ans, les armes à la main. La nouvelle raconte l'histoire de cette jeune fiancée qui a préféré mourir pour sa patrie plutôt que de vivre le grand amour avec l'homme qu'elle aimait. L'on peut aussi citer ‘Zohra l'institutrice'. C'est l'histoire d'une jeune institutrice algérienne qui, par son dévouement pour le peuple algérien, quitte Alger pour venir en aide aux écoliers algériens dans la ville minière de Clairefontaine (aujourd'hui El-Aouinet, rattachée à la wilaya de Tébessa), en leur transmettant son savoir. Zohra subit au quotidien la pression de son directeur David Vincent qui veut l'obliger à di-stribuer des tracts contre le FLN, à assister à la levée du drapeau français dans la cour de l'établissement scolaire, à chanter la Marseillaise et à pousser les écoliers à s'intégrer à l'Algérie française. Mais rien à faire. Elle résiste et se montre réfractaire, par amour à sa patrie, à toutes sortes d'intimidation. A lire aussi les autres nouvelles : ‘Le déserteur', ‘Quarante d'un coup', ‘Abdel Hak', ‘Abdel Batel', ‘Le cadeau de Houryia', ‘L'aveu'.... Celle pour qui la Guerre de Libération est une source d'inspiration, l'a amenée à l'écriture, car, confie-t-elle : «La guerre fait partie de ma vie, je suis née en plein bombardement.» Zoubeida Mameria tient à souligner que l'ensemble des histoires racontées est authentique. Ce sont des personnes qu'elle a connues durant les sept années d'occupation coloniale. «Ce sont des histoires et des témoignages vécus. Je me dois de mettre en exergue tous ces glorieux personnages. Leurs noms sont intimement liés à la Guerre de Libération nationale.» L'incipit du recueil s'ouvre par un poème sur Jugurtha : «Dans les monts d'Algérie, sa race renaîtra. Le vent a dit le nom d'un nouveau Jugurtha...» Ce poème a été écrit en vers et en latin par le poète français Arthur Rimbaud à la fin du XIXe siècle. C'est un hommage qu'il a rendu à Jugurtha, figure emblématique de la résistance algérienne. Il a d'ailleurs averti la France, par ce poème, qu'il y aura toujours un Jugurtha quelque part pour libérer l'Algérie.