A l'occasion des mercredis du verbe, l'Etablissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger a organisé, mercredi après-midi, à la bibliothèque de la jeunesse Didouche-Mourad, une rencontre animée par l'écrivaine Zoubeida Mameria sur son livre Kaléidoscope, mémoire de guerre, publié par les éditions Dar El Kalima. Zoubida Mameria est native de Souk Ahras. Elle est titulaire d'une licence et d'un magistère en littérature. Elle fût d'abord enseignante puis chercheur et cadre supérieur au ministère de la Culture à Alger. Elle a à son actif plusieurs publications, axées notamment en direction de la jeunesse. Sensibiliser la jeunesse algérienne sur la guerre de Libération est son cheval de bataille depuis des années déjà. Sa rencontre avec le public, mercredi dernier, a permis encore une fois à cette intellectuelle de parler de l'histoire glorieuse de l'Algérie. Elle s'est toujours plu à incruster dans ces nombreux récits et à mettre en avant plan le courage de ces milliers de martyrs, morts pour le recouvrement de l'indépendance de leur pays. S'exprimant d'une voix douce, en pesant ses mots, dans un français des plus chatié, Zoubeida Mameria confie qu'elle a envie d'écrire pour laisser le maximum de récits aux jeunes. Concernant le choix du titre de son recueil de nouvelles, intitulé Kaléidoscope, mémoire de guerre, l'auteure Zoubeida Mameria explique que ce titre s'est imposé à elle d'une façon évidente. Par définition, le kaléidoscope est un tube de miroirs réfléchissant à l'infini et en couleurs la lumière extérieure. Certains modèles contiennent des fragments mobiles de verres colorés, produisant d'infinies combinaisons de jolies images. «Quand j'étais au primaire, explique-t-elle, on fabriquait manuellement ces kaléidoscopes. Cela nous donnait, nous enfants, de l'illusion, de la magie et de la couleur. Nous faisions de jolis commentaires. Mais en grandissant, je me suis rendue compte que les couleurs avaient été conservées et les guerres m'avaient marquées à vie. Je suis née en pleins bombardements. Je ne pouvais que restituer cette mémoire.» Pour les besoins de son dernier recueil de nouvelles, l'universitaire a restreint son champ littéraire pour parler de la guerre de Libération nationale. Ainsi, à travers ces douze nouvelles qui se lisent d'un seul trait, Zoubeida Mameria a voulu rendre hommage à tous ces inconnus de l'histoire nationale. L'incipit du recueil s'ouvre sur un beau poème, Jugurtha, écrit en latin par Rimbaud. Ce dernier a saisi l'occasion d'un concours pour parler d'une actualité politique brûlante, celle de la colonisation de l'Algérie à laquelle avait pris part le capitaine d'infanterie Frédéric Rimbaud, père d'Arthur Rimbaud. Dzaïr est un autre texte réservé à la première femme martyre algérienne. Elle mourut le 19 novembre 1954, à l'âge de 18 ans, les armes à la main. Zohra est, quant à elle, institutrice dans un village à Tébessa. On lui demande de distribuer des tracts et de saluer le drapeau français en 1955. Elle s'est rebellée. Elle a été révoquée et assignée à résidence surveillée chez elle à Souk Ahras. Zoubeida Mameria tient à souligner que l'ensemble des histoires racontées est authentique. Ce sont des personnes qu'elle a connu durant les sept années d'occupation coloniale. «Ce sont des histoires et des témoignages vécus. Je me dois de mettre en exergue tous ces glorieux personnages. Leurs noms sont intimement liés à la guerre de Libération nationale», martele-t-elle. Après avoir passé en revue l'ensemble de ses nouvelles, Zoubeida Mameria a conclu son intervention en lançant un message poignant en direction de la jeunesse algérienne. Selon elle, l'Algérie est un continent et non un pays. Il y a eu des Jugurtha qui ont libéré le pays. «Nos jeunes ne connaissent pas l'histoire glorieuse de leur pays. J'écris pour les jeunes. J'ai le devoir de communiquer avec eux. Je cherche à communiquer une certaine émotion. J'essaye de trouver la fibre sensible. Ce sont des récits avec une sensibilité humaine. Je veux que les gens ressentent cette sensibilité. L'écriture est un exécutoire pour moi. Je veux que mes livres circulent en Algérie, car c'est l'histoire des Algériens», conclut-elle sur un ton plein de douceur et de sagesse.