Le Premier ministre par intérim, dépêché hier à Ghardaïa réussira-t-il là où tous les envoyés spéciaux précédents du pouvoir ont échoué. Arrivera-t-il avec la réunion qu'il tiendra ce dimanche avec les autorités et les notables de la ville à ramener définitivement le calme dans une ville toujours en ébullition et où la peur a fini par s'installer, et où les affrontements entre communautés continuent d'enregistrer des victimes et des dégâts. Le Premier par intérimYoucef Yousfi, est accompagné dans cette visite du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaiz, ainsi que du commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Ahmed Bousteila, et du représentant du directeur général de la Sûreté nationale. Le Premier ministre par intérim a, à cette occasion, présenté les condoléances aux familles des victimes et échangé des propos avec les imams et des notables de Ghardaïa. M. Yousfi devrait tenir une rencontre, ce dimanche, au siège de la wilaya, avec les élus et les représentants de la société civile, en présence des autorités locales, selon les services de la wilaya. La visite du Premier ministre par intérim est une preuve concrète que la situation qui prévaut dans cette région est très inquiétante dans la capitale du M'Zab théâtre de graves incidents ces derniers temps résultant de multiples conflits intercommunautaires qui continuent à endeuiller bon nombre de familles d'autant que le bilan des morts ne cesse d'augmenter. Hier en début de soirée, trois personnes ont été tuées, lors de nouvelles échauffourées qui ont violemment opposé des groupes des communautés Mozabite et Chaambas, près du quartier de Hadj Messaoud. Le directeur de la santé de la wilaya de Ghardaïa cité par l'APS, a indiqué que ces victimes, toutes âgées d'environ une trentaine d'années, ont été frappés à l'aide d'objets «ferreux» contondants. Les deux premières ont succombé sur les lieux des violences et la troisième a rendu l'âme à l'hôpital, a précisé la même source. A l'heure où nous mettons sous presse, un blessé touché durant ces heurts se trouve dans un état critique et son pronostic vital est engagé. Des échauffourées récurrentes avaient repris dès mercredi dernier, dans le chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa et se sont poursuivis, durant le week-end marquées par des actes de vandalisme et de pillage. Cinquante-deux locaux à caractère d'habitation et commercial ont été saccagés et pillés avant d'être incendiés à travers différents quartiers de Ghardaïa. Ces échauffourées ont également fait une soixantaine de blessés. Depuis jeudi soir, les quartiers de Theniet El-Makhzen, Hadj-Messaoud et Melika sont le théâtre de jets de pierres, de cocktail Molotov et autres projectiles, avant que ces affrontements ne s'étendent à d'autres quartiers de Ghardaïa, notamment le centre-ville où des scènes de vandalisme et de pillage ont été observés ici et là. «Ces événements ont été d'une violence rare, et Ghardaïa vit une tension visible», a déclaré, très ému, un habitant de Theniet, ajoutant que le pavé des trottoirs et autres carrelages ont été défoncés pour être utilisés comme projectiles. Un important dispositif des forces anti-émeute de la police, appuyées par des unités d'intervention de la Gendarmerie nationale, a été redéployé sur les différents quartiers «chauds» de la ville pour faire cesser les heurts et ramener le calme et la quiétude dans la région. Ces dernières ont fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les antagonistes.
