Créativité ■ Dalel Halou est une plasticienne. Son œuvre se veut une passerelle entre tradition et modernité. C'est une œuvre qui combine formes picturales, couleurs et matières puisées dans les paysages et les cultures d'Afrique du Nord. Présences algériennes dans toute leur richesse et passé reconverti, berbères, maghrébines, et africaines, elles sont l'inspiration, l'essence artistique, de sa création. Native d'Alger au sein d'une famille originaire de la Soummam, Dalel Halou, qui est également décoratrice et animatrice culturelle pour enfants, explique que ses sources d'inspiration demeurent les arts africains et la nature dans toute sa somptuosité. La main, comme bijou d'ornement féminin est omniprésente, le miroir, le coffre de la mariée, attributs de beautés, la clé, la porte, signes fortement symboliques. Les couleurs frappent par leur intensité et leur dégradé réparti avec recherche. Le rose fuchsia, le violet, le vert émeraude, l'aubergine, le jaune sont des teintes vives qu'elle affectionne, et dont elle dit : «Des couleurs chatoyantes tableaux du Sud aux couleurs de la culture amazigh en passant par les ocres et les mythes d'Afrique...» Elle marie tissage, perles, céramique, morceaux de cuivre et d'argent, art traditionnel et moderne, ce qui donne un art personnel avec ce qu'il y a de secret et de confidentiel en l'artiste. Un souffle créatif débordant avec une inspiration animalière et son éloquence sacrée interprétant le serpent indissociable du venin, l'éléphant c'est l'équilibre, le lézard porte-bonheur dans les foyers africain et maghrébin. Tout cela présentant la dualité humaine rythmant entre le bien et le mal. La magie et le sacré se répètent tout au long des œuvres de Dalel Halou. L'œuvre de Dalel Halou est un langage de l'art traditionnel et artisanal. A ce propos, la plasticienne dit : «En effet, je me suis inspirée de nos traditions et nos richesses culturelles. L'Algérie est un pays qui regorge d'acquis artistiques, je n'ai eu qu'à me servir.» Interrogée sur le choix des couleurs, elle répond : «J'ose tous les tons. Je suis audacieuse dans le choix des teintes et observatrice de la nature, ce qui me permet de faire des mélanges hardis.» Parmi les sites représentés, on retrouve la Casbah. D'où la question : pourquoi ? «Presque toutes les Algéroises ont un lien avec la Casbah, ma mère également. La Casbah est à elle seule tout un patrimoine», explique-t-elle, et, s'exprimant sur la symbolique des mains qui se perçoit sur toutes ses toiles, elle dit : «C'est un hommage aux mains de femmes, elles élèvent leurs enfants, les caressent, elles tissent, pétrissent le pain, elles sont créatrices. Elles soignent et opèrentégalement.» A la question de savoir comment elle travaille et de quelle manière s'est déroulée la création de ses toiles, Dalel Halou confie : «Je suis contemplative, ce qui me fait découvrir nombre de détails dans la nature et l'environnement. L'autre volet de mon travail artistique, c'est de donner une seconde vie à des objets de récupération et aux choses du terroir. Quant à cette expo, j'ai mis 7 années pour la concrétiser.» Enfin, interrogée sur le château qui, figurant sur l'une de ses toiles, attire toute l'attention, Dalel Halou répond : «Le rêve de chaque être est de posséder une maison. C'est aussi le souci premier de presque tous les Algériens que d'avoir un toit.»