L'exposition «Passerelles entre tradition et modernité» de Dalel Halou, combine formes picturales, couleurs et matières puisées dans les paysages et les cultures d'Afrique du Nord pour l'élaboration de savantes compositions que le public peut découvrir au centre culturel Mustapha-Kateb d'Alger jusqu'au 31 mars. Contrastes des couleurs chères aux Berbères du Nord au Sud, tissages marocains et cuivres de la Casbah se superposent hardiment aux fragments d'argent d'un bracelet d'ancêtre ou aux mille éclats d'un miroir pour un voyage dans un univers pictural inédit, mais qui reste familier au visiteur. Des petites mains à deux pouces (khamsa) en céramique, cuivre ou bois, des soleils en mouvement, des portes closes sur des scintillements plongent le regard dans un pays des merveilles où éléphants, caméléons, serpents, hiboux et colimaçons évoquent des millénaires de magie incantatoire. Les bleus volontiers turquoise, les verts Véronèse ou acidulés, les orangés plutôt abricot, les rouges coccinelle et les orgies de fushia inventorient avec toute la gaieté du tapis des Nememcha, l'explosif nuancier du continent qui a bercé l'humanité. Châteaux Terre de Sienne, tapis, coffres, bijoux, clés du Hoggar, autant de motifs récurrents qui s'enrichissent de perles, sequins, et autres cabochons pour démultiplier la lumière. Confectionnés de toile peinte ou façonnés dans le bois, le verre ou l'argile, les motifs de Dalel Halou sont fixés sur huile ou acrylique sur toile pour y acquérir avec une remarquable minutie un supplément de relief. «Les mains sont omniprésentes dans mon travail. C'est un hommage aux femmes de chez nous, qui ont ‘‘un métier à chaque doigt''», souligne l'artiste qui explique que «son art doit beaucoup à celui du tapis traditionnel». «Le miroir invite à l'introspection et à l'autocritique» ajoute l'ancienne étudiante de l'école supérieure des Beaux-arts d'Alger qui anime des classes de dessin pour enfants trisomiques dans le cadre associatif. Native d'Alger au sein d'une famille originaire de la Soummam, Dalel Halou explique que ses sources d'inspiration demeurent les arts africains et la nature dans toute sa somptuosité. APS