Evénement ■ Une double fête de mariage et de circoncision a été organisée hier, mardi, au village de Markounda, dans la commune de Taxlent, à 70 km de Batna. Dans la plus pure tradition des Aurès, cette fête a été organisée à l'initiative des associations locales, Thaziri et Markounda, en marge du Mois du patrimoine. Les réjouissances ont été organisées par un temps superbe, sur une colline verdoyante, au pied des monts Refaâ, un haut lieu de la Révolution, et à Boughioul, dans une très vieille mais bien solide habitation en pierre au toit soutenu par des troncs d'arbres et des palmes et au parterre en terre. Dans une ambiance noyée dans les sonorités mélodieuses de la gasba (flûte) et du bendir (tambour), les salves de baroud et les danses de chevaux, les deux associations ont ressuscité le cérémonial séculaire et festif dont des pans entiers ont été «engloutis» par la modernité. La cérémonie a débuté par le rituel de la circoncision avec l'arrivée d'une procession de femmes en tenue traditionnelle, à leur tête une vieille dame (généralement la grand-mère du circoncis) portant dans ses bras une gassaâ (large plat en bois) pleine de dattes, de noix, d'amandes, de morceaux de sucre et de bonbons qu'elle distribue aux enfants au milieu de stridents youyous des accompagnatrices et des tirs de baroud. La fête de mariage a débuté, comme le veut la tradition, par la sacro-sainte coutume du henné de la mariée, belle et séduisante dans son lhaf tout en blanc et ses beaux bijoux d'argent autour de la tête, des poignets et des chevilles. L'aâbrak, une fine toile de soie verte, parfois rouge, recouvre la tête de la mariée. Un des moments forts du spectacle est la sortie de la mariée du domicile parental, portée sur des épaules et placée sur une jument pour être conduite vers le foyer conjugal au milieu d'un cortège d'hommes et de femmes. Pour Hadda Laârari, une vieille dame de 82 ans, porter ainsi la femme du domicile de ses parents à celui de son futur époux, symbolise la grande place qui lui est dévolue dans la société auressienne. Selon cette octogénaire associée à toutes les étapes de l'organisation de cette fête, une des conditions exigées par les proches de la mariée était que les parents de l'époux disputent une partie de kherbga (genre de jeu de dames). Le perdant est obligé de repartir sans chaussures mais qu'il pourra toutefois récupérer contre une somme d'argent. L'arrivée de la mariée au domicile conjugal est le «clou» de la cérémonie. Une tente dressée sous les arbres, au milieu des chants et des danses des Rahaba et de la troupe folklorique «Bandou» de danses féminines, accueille l'élue du maître de céans. Pour ne rien sacrifier à la tradition et à l'authenticité de la fête, les convives sont invités, au terme de ce rituel festif, à déguster un savoureux couscous présenté dans des plats du terroir.