Chiffre ■ La campagne de récolte de liège a débuté, hier, à Béjaïa, avec l'objectif de réaliser à son terme une production prévisionnelle de l'ordre de 3 060 quintaux, soit une quantité équivalente à celle de la saison précédente. L'opération est confiée à l'E.R.G.R (Entreprise régionale du génie rural), une entité publique, qui en assure la collecte, la mise en dépôt et la vente, en contrepartie d'un paiement d'une taxe domaniale. Pour cette saison, l'intérêt de la campagne tient bien plus de la production que de la commercialisation du produit, en butte à un phénomène de mévente, dont la persistance inquiète tous les acteurs qui sont directement concernés. «La production de 2013 est toujours en dépôt. Et celle qui arrive risque de connaître le même sort», déplore le conservateur des forêts, Ali Mahmoudi qui explique le «phénomène» par la conjonction de plusieurs facteurs, parmi lesquels figure la concurrence que livre au panneau de liège, son équivalent, en polystyrène, «peu noble, aux effets (nuisibles) méconnus mais peu coûteux», observe-t-il. «10 000 dinars le quintal de liège, un produit naturel et noble contre 3 000 dinars pour son égal en polystyrène, le choix des utilisateurs est vite fait», se désole-t-il, plaidant pour la valorisation du liège, par «l'incitation volontariste des entreprises publiques à en faire un plus grand usage notamment dans le bâtiment et tout ce qui est en rapport avec l'isolation». «Mais ce n'est pas tout», souligne-t-il, expliquant que dans certaines régions utilisatrices, il existe un véritable lobby des transformateurs, qui influe négativement sur les prix et qui a fait que la production de l'année dernière ne trouve pas preneur. «Le lobby sévit pendant les séances d'adjudication, en se cabrant sur un prix plancher, inférieur au niveau de la mise à prix», affirme-t-il, égrenant tous les effets induits et négatifs de cette situation sur le redécollage de la filière, déjà éprouvée par la réduction des subéraies, (incendie de forêts, stress hydrique, l'influence nuisible des rongeurs, entre autres), et le recul des exportations de liège et produits dérivés. La subéraie de la wilaya, qui s'étend sur une superficie de 41 000 hectares, est le siège d'une forte reconstitution, son repeuplement reste toutefois sous-exploité. Elle figure, de par son ampleur, dans le tableau des wilayas à moyen potentiel. Sa localisation se ventile à travers plusieurs circonscriptions forestières, notamment Adekar, El-Kseur, Souk-El-Ténine, Béjaïa et Amizour.