Conséquence ■ Le rythme de vie change durant le mois sacré de ramadan. Et chez les patients diabétiques tout bascule. C'est ce qui a été exposé, hier, à la maison de la culture Dr Ahmed-Ouroua de Koléa (Tipasa), lors d'une journée de sensibilisation des diabétiques tenue sous le thème : «Diabète : vivre avec, durant le ramadan.» Organisée par l'association de bienfaisance «Taqwa» de Koléa en coordination avec des médecins et diététiciens, cette journée n'a pas eu grand écho chez les malades atteints de diabète suite au manque d'information ou encore le désintérêt de la part des concernés. le Dr Farida Bezaz, médecin généraliste au sein de la polyclinique de Koléa a axé ses conseils, sur la nécessité du respect des instructions des médecins traitants : «Beaucoup de malades ne sont pas organisés durant le ramadan. Ils sont mal orientés. Nous avons expliqué aux diabétiques qu'ils ne doivent pas risquer leur vie et aller vers les complications majeures. Notre religion est pourtant claire dans ce domaine. Elle interdit au malade de jeûner.» Prendre la bonne décision pour jeûner ou pas, s'avère très difficile voire compliqué pour les malades diabétiques. Des conseils pratiques ont été donnés par le coordinateur et éducateur thérapeutique Djamel Bouzid : «Nous avons expliqué dans un langage très simple les complications du jeûne pour le diabétique non autorisé par son médecin traitant. Il y a des lignes rouges à ne pas dépasser où le diabétique devient aventurier.» L'éducateur thérapeute a expliqué que le jeûne est fortement contre-indiqué chez les diabétiques de type 1, les femmes enceintes et les complications dégénératives graves du diabète dont les maladies chroniques (cardiaques, rénales, HTA...). Le même spécialiste a donné des conseils en matière d'alimentation : «Le diabétique autorisé au jeûne doit prendre le 1/3 du pain. Il doit prendre le repas du «s'hour» le plus tard possible. Il ne doit pas interrompre son jeûne par une datte. C'est très dangereux. Il est conseillé de prendre des salades et des repas consistants» a-t-il expliqué. Enfin, Djamel Bouzid a mis en garde les diabétiques contre la déshydratation due à la chaleur durant ce mois sacré de ramadan qui coïncide avec les longues journées d'été. Toutefois, certains malades diabétiques avec lesquels nous avons discutés s'entêtent à jeûner durant le mois de ramadan : «Je ne peux manger durant le carême. Je vais faire des efforts. Je dois résister même si mon médecin me l'a interdit», nous dira El-Hadj Ali 73 ans. D'autres disent qu'ils ne veulent pas s'exposer aux conséquences du déséquilibre de leur diabète. Le cas de la quinquagénaire Fatiha atteinte du diabète de type 1, elle et sa fille, âgée de 16 ans : «Je ne veux pas risquer ma vie ni celle de ma fille. Dieu est témoin de notre souffrance», nous dira-t-elle. Les spécialistes appellent enfin à l'implication massive des hommes de religion pour la sensibilisation des diabétiques obstinés à risquer leurs vies pour un jeûne déjà autorisé par la religion pour leurs cas.