Mystère Aucune explication satisfaisante n?a encore été donnée sur les raisons ayant poussé les Américains à avancer de deux jours la date du transfert des pouvoirs aux Irakiens. Pour le président américain George W. Bush qui a salué ce matin ce transfert, le fait que cette opération ait eu lieu deux jours avant la date prévue «montre le sérieux avec lequel le nouveau gouvernement irakien traite la menace terroriste». Une explication qui, comme on peut le constater, est très peu convaincante. Dès lors, l?on peut avancer plusieurs hypothèses. Le premier constat qui s?impose a trait à la recrudescence de la violence qu?a particulièrement connue l?Irak ces dernières semaines avec surtout les prises d?otages aux fins sanglantes, mais aussi le grand nombre d?opérations ciblant soldats américains et britanniques. Bush a peut-être cédé à une pression de plus en plus forte pour finalement rapprocher l?échéance. Il est vrai que le contexte lui est particulièrement favorable avec le soutien unanime des pays de l?OTAN et que c?est le moment ou jamais pour lui d?amorcer le processus d?une sortie honorable de ce qui commençait à s?apparenter à un guêpier. On ne peut, en effet, que relever la coïncidence du transfert avec le début du sommet de l?OTAN en Turquie au cours duquel, le volet Irak se taillera la part du lion. Les superpuissances de ce monde, poussées par les USA, y envisageront, en effet, les modalités et la part d?aide qu?elles doivent accorder aux Irakiens, notamment dans le domaine sécuritaire, plus particulièrement pour ce qui est de la formation. A ce propos, le ministre irakien des Affaires étrangères se veut déjà rassurant, mais, peut-être, menaçant pour les forces de la résistance irakiennes en affirmant ce matin que l?avenir sécuritaire de son pays sera meilleur qu?il ne l?a été jusqu?ici avec les coalisés. «Le gouvernement irakien fera un meilleur travail» pour assurer la sécurité que la coalition, a-t-il en effet affirmé dans un entretien avec la radio BBC. «Nous ferons un meilleur travail, je peux vous le promettre, que nos amis de la coalition.» «Il n'y a aucune garantie que (la violence) va s'arrêter après le transfert de pouvoir aux Irakiens», a toutefois ajouté M. Zebari, qui s'exprimait depuis Istanbul, où a lieu le sommet de l'OTAN. «Nous avons confiance en nous, en notre capacité, il s'agit de notre peuple, de notre culture. Nous savons mieux que nos partenaires de la coalition comment gérer la situation. Nous allons assumer nos responsabilités, être maîtres de la situation avec leur soutien», a-t-il dit. «Nous ferons de notre mieux pour que se déroulent les élections dans des conditions de sécurité et une atmosphère correctes, acceptables. Ce ne sera pas parfait, mais ce sera faisable, avec le soutien des Nations unies», a-t-il dit. Les élections générales auxquelles il faisait allusion doivent avoir lieu d'ici au 31 janvier 2005. Les questions qui s?imposent sont : le pari de Zebari sera-t-il relevé ? Le peuple irakien va-t-il enfin connaître la paix ou s?apprête-t-il au contraire à vivre une période encore plus sombre ?