Témoins De précieux trésors archéologiques ont été pillés. Il y a 14 mois, le musée de Bagdad a été saccagé et copieusement pillé par des hordes sauvages. Des milliers de pièces archéologiques inestimables témoignant de l?illustre civilisation des rives de l?Euphrate et du Tigre ont été soit dérobées, soit détruites, sans tenir compte de leur précieuse valeur historique et universelle. L?on enregistre quelque 15 000 pièces pillées, dont seulement 5 000 ont été récupérées et restituées au musée, mais certaines ont sûrement rejoint des collections privées, à l'étranger. L?image qui nous a marqués et qui a fait le tour du monde à la suite de ce fâcheux pillage, c?est celle de la conservatrice du musée qui pleurait et se lamentait à la découverte du massacre. «Tout l'édifice était sens dessus dessous», se rappelle Ahmed Kamel, chef de la section cunéiforme du musée. «Ils ont tout détruit. Les portes étaient cassées et les murs maculés d'encre. Les vitrines étaient détruites et les papiers dispersés aux quatre vents», regrette-t-il. M. Kamel affirme que les plus belles pièces avaient été enfermées dans des dépôts par crainte des raids aériens de la coalition, mais personne n'imaginait une telle anarchie. «Nous n'avions jamais pensé que des gens puissent venir ici tout voler car ce n'était jamais arrivé auparavant. Peut-être ont-ils été surpris en ne voyant rien dans les présentoirs, alors ils se sont rués sur les dépôts et ont emporté tout ce qu'ils pouvaient, dont des pièces très importantes», explique-t-il. Depuis, le musée de Bagdad, «violé» et dévasté, a été fermé. Protégé par des gardes armés et isolé par des barbelés, il reste jusqu?à présent fermé au public. Même si le site a retrouvé le calme, les responsables affirment cependant que la réouverture n'est pas envisageable avant des années car il porte encore les marques du pillage et les cicatrices de l?agression. Toutefois, une des dix-huit galeries du musée sera ouverte à la fin de l?année, ce qui permettra aux Irakiens de découvrir une partie de cet héritage culturel unique. M. Kamel espère que ce musée, ouvert il y a 38 ans, mais fermé durant dix ans après la première guerre du Golfe (1990-1991) et depuis plus d'un an après la guerre de mars 2003, montrera un jour la grandeur de ce pays dans ses âges divers et dans ses différentes cultures. «Nous voulons avoir le meilleur musée au monde. C'est un grand rêve, mais je pense que nous ne pouvons le réaliser qu?en coopération avec d'autres pays», ajoute-t-il. Cependant, comme l'anarchie continue dans l'Irak d'après-Saddam Hussein, M. Kamel reconnaît que la sécurité reste un enjeu majeur. «Quand nous rouvrirons le musée, le système de sécurité doit être excellent avec un système de protections au laser.» L?Irak est la terre où sont nées l'agriculture, la civilisation et l'écriture. Le pays regorge de riches et précieux trésors archéologiques et garde les traces de nombreuses cités primitives et de dynasties qui ont participé au développement de l'humanité ; il est considéré donc comme le berceau de l?humanité. Il est triste et désolant de voir, aujourd?hui, un pays comme l?Irak, plusieurs fois millénaire, se débattre dans l?anarchie et végéter dans la violence.