Mouloud a 40 ans. Cela fait exactement dix ans qu?il travaille au SAMU du CHU Mustapha. Ambulancier de formation, cet homme dynamique fait partie de l?équipe qui a lancé le Samu. «Le Samu, c?est nous qui l?avons fait et nous tenons à ce qu?il survive», dit-il d?un ton ferme. En effet, malgré tous les problèmes que connaît aujourd?hui ce service, cet ambulancier ne compte pas baisser les bras. «Nous travaillons avec les moyens du bord», explique-t-il. Présent durant les massacres de Bentalha et Raïs, le carnage de Beni Messous ou les attentats à la bombe de La Casbah, Amirouche et Chevalley, pour ne citer que ceux-là, Mouloud estime aujourd?hui qu?il est un miraculé pour avoir survécu à tous ces drames. «On arrivait souvent sur les lieux des carnages avant les services de sécurité. On commençait alors à prodiguer les premiers soins et à dégager les corps avec tous les risques que cela engendrait. C?était le cas pour le massacre de Beni Messous. Notre unité au niveau de l?hôpital de Beni Messous a fait appel à toutes les unités pour évacuer les blessés. Nous n?avons pas hésité à nous déplacer pour apporter notre aide aux citoyens», raconte-t-il. Ce secouriste se rappelle : «Durant les années du terrorisme, il nous est même arrivé d?être appelés par téléphone, la nuit, à notre domicile pour rejoindre le Samu alors que nous n?étions pas de service.» Ce dévouement n?est pourtant pas reconnu à sa juste valeur puisque ce père de deux enfants a un salaire de base de 6 000 DA. Classé comme simple chauffeur et non pas comme secouriste, il perçoit une mensualité globale de 10 000 DA. «Nous n?avons ni prime de contagion ni prime de risque, encore moins de travail posté», se désole-t-il.