Les félicitations, comme les condoléances, font partie d'un rituel social que les Algériens, en dépit de l'évolution des m?urs et des pratiques langagières, ont gardé. D'abord, il est du devoir de féliciter les proches, les amis et les voisins qui remportent des succès ou réalisent des gains : nbarkulu, dit-on (on le félicite), littéralement «appeler la baraka, la bénédiction sur lui» ou nhenniw-lu, littéralement «on lui souhaite le bonheur». Les mêmes verbes, barrek et henni, sont employés en berbère. Ne pas féliciter ceux qu'on est tenu, par les liens de parenté ou de voisinage, de féliciter signifie qu'on néglige un devoir important et on court le risque d'être taxé de jaloux et d'envieux ! La formule la plus courante pour féliciter est kulech mebruk,(toutes mes félicitations !) ; on emploie aussi le français «félicitations». Et quand il s'agit d?un objet acheté (salon, voiture, maison?), la politesse veut que non seulement on félicite le possesseur, mais aussi qu'on loue l'objet... même si on ne le trouve pas beau ou utile ! Les félicitations ne sont pas seulement des compliments que l'on présente pour un bonheur, c'est aussi et surtout le cadeau que l'on remet à l'occasion : une boîte de pâtisseries le plus souvent, mais aussi, dans la tradition, des ?ufs, du sucre, du café, voire du lait, des pâtes ?souvenir du temps où les denrées alimentaires étaient rares et précieuses ? mais aussi des produits hautement symboliques comme le sucre et les ?ufs, qui représentent la joie et la douceur de vivre. Pour certaines occasions, comme l'accouchement ou la circoncision, on donne de la viande, voire, pour un retour de pèlerinage, un mouton entier ! Aujourd'hui, on donne aussi des bibelots, des vêtements, de l'argent ! Les excès sont tels que dans certaines régions on a tenté de limiter les cadeaux en fixant, pour chaque occasion, la liste des objets à donner. Et, pour faire appliquer ces mesures, on appelle la malédiction sur les contrevenants !