Comme les félicitations, les condoléances font partie d'un rituel social qu'on ne peut enfreindre sans s'attirer la réprobation générale. On peut même dire qu'il est plus grave de ne pas présenter de condoléances que de manquer à faire des félicitations. La mort est, en effet, sacrée : même quand on est fâché avec quelqu'un, même quand on ne lui parle plus, on est tenu, quand il perd un proche, de lui présenter ses condoléances ! On dit 'azzi (présenter des condoléances) et ta'âziya (condoléances). Mais quand on présente ses condoléances, on n'emploie jamais ce verbe : en effet, i'âzzik ! est toujours pris dans le sens d'une malédiction : «Puisses-tu perdre un être cher et être l'objet de condoléances !» Le berbère wajeh a le même emploi : ak-id-iwajeh ! Les formules de condoléances sont nombreuses. La plus employée se rapporte au défunt : Allah irrah-mû (que Dieu lui accorde Sa Miséricorde, sous-entendu, en lui accordant une demeure au paradis) ; Allah yerzeq-lu ldjenna wa rrah'ma (Dieu lui accorde le paradis ainsi que Sa Miséricorde). On emploie également des formules incitant à la patience et à la résignation face à l?adversité : Allah issebarkûm (que Dieu vous apporte la patience nécessaire pour supporter l'épreuve), sslamet rissan-kum (que vos têtes ? vos vies ? soient épargnées) ; lbaraka fik-ûm (puissiez-vous rester en vie et jouir de la baraka). Enfin, par formules détournées, on évoque la pérennité de Dieu, une façon de dire que l'homme, lui, est mortel : el Baqî Allah (Dieu Seul restera) ; lbaqî ghir Allah (Dieu Seul demeurera) ; da'îm Allah (Dieu Seul est Eternel)? Il est de tradition, quand on évoque un défunt, de faire suivre sa mention de la formule Allah irreh'mu (que Dieu lui accorde Sa Miséricorde). On emploie, en berbère, une formule analogue : ad ye?êfu Rebbi fellas (que Dieu lui pardonne ses fautes).