Pérégrination L?artiste a erré, au gré de ses inspirations et du temps, en quête de son propre chemin, pour échapper aux tiraillements de l?exil, de la nostalgie et de sa soif de liberté. Mais ses illusions s?avèreront vaines. Malek Haddad était un personnage libre, déchiré et tourmenté par sa muse, un homme lucide et d?une grande sensibilité. Il a su approcher l?humain et raconter l?individu. Né le 5 juillet 1927 à Constantine, une année avant Kateb Yacine, Malek Haddad était un éternel rêveur et un voyageur infatigable, ce qui lui a permis d?avoir une approche plus réaliste et indulgente envers le monde et de relativiser l?existence humaine. Il a marqué d?une touche indélébile l?histoire de notre littérature. Se révélant à la fois poète et romancier, il s?est distingué par une plume lucide et unique et par une verve poétique soignée et spectaculaire. Malek Haddad est un personnage complexe, conscient et doté d?une grande sensibilité. Tous ses écrits, poèmes et romans, sont imprégnés de doux sentiments mêlant un réalisme mélancolique. Un lyrisme propre à l?écrivain. Il y a, en effet, dans ses écrits la traduction d?illusions perdues et d?impressions faussées. Ses ?uvres sont d?ailleurs empreintes de pessimisme et, par moments, de dégoût, de refus de soi. Une sorte de désespoir et de reniement. Et c?est à travers ses personnages, dans ses romans, à travers aussi ses poèmes, que l?on parvient à ressentir et à cerner cet état d?âme. Il s?agit d?une autobiographie, l?écrivain sachant transposer une grande partie de son vécu, de ses expériences personnelles. Malek Haddad laissa à la postérité une petite production littéraire, assez restreinte, mais grande et riche de par sa teneur et sa qualité. C?est une ?uvre littéraire magistrale. Il jouit d?une place privilégiée dans le monde littéraire algérien. Son premier recueil, Le Malheur en danger, paraît durant la Guerre de Libération (Paris, La Nef, 1956, rééd. Bouchène, Alger, 1988), alors que le second, Ecoute et je t?appelle sort en 1961 (Maspéro), précédé par Les Zéros tournent en rond (essai). Entre-temps, il écrira quatre romans : La Dernière impression (Julliard, 1958, rééd. Alger, Bouchène, 1989) ; Je t?offrirai une gazelle (Julliard, -1959) ; L?Elève et la leçon (Julliard, 1960, trad. à l?arabe, Sned, Alger, 1973) ; et enfin Le Quai aux fleurs ne répond plus (Julliard,, 1961, trad. à l?arabe, Sned, 1979). Malek Haddad, après un bref passage dans l?enseignement, entame, en 1954, des études de droit à Aix-en-Provence. Mais il finit par abandonner le droit pour écrire et collaborer dans plusieurs revues. Conférencier et diplomate, il effectuera des missions au nom du FLN pour porter dans différents pays la voix de l?Algérie combattante. Après 1962, il collabore à la création de la presse nationale post-indépendance ; il fait partie du comité de rédaction de Novembre et animera, à Constantine, la page culturelle d?An-Nasr (1965-1968). Il s?engage ensuite dans la politique et assume plusieurs postes de responsabilité. Il est tour à tour directeur de la culture au ministère de l?Information et de la Culture (1968-1972), secrétaire général de l?Union des écrivains algériens, conseiller technique chargé des études et recherches dans la production culturelle en français (1972). Celui qui s?est révélé par une écriture forte et poignante, une écriture par laquelle il retrace son itinéraire, un parcours escarpé de combattant, sa vie de poète, un homme perdu et tourmenté, Malek Haddad meurt à Alger le 2 juin 1978? sans achever son ?uvre.