Héritage Acheter tout dehors est, pour certaines familles, un crime de lèse-majesté. En bonnes économes, des vieilles n?hésitent pas à transmettre leur savoir-faire au grand bonheur des foyers modernes. Chez les anciens, la gestion des ménages relevait de la qualité de l?épouse. Erigée en véritable pilier familial, la femme était vantée par ses prouesses de bonne économe. «Une bonne femme est celle qui vous prépare à manger à partir de la roche», disait-on. Sans pour autant paraître misogyne ou sexiste, nos mères avaient du génie. Quand la période d?été pointait le nez, hormis l?achat des fruits, tout le reste se fabriquait à la maison épargnant ainsi le budget familial. Du jus de carotte mélangé à un yaourt maison, ce qui est un délice en soi, au fameux flan au riz agrémenté d?un nuage de cannelle. Personne ne pipait mot tellement les recettes d?antan étaient succulentes. Actuellement, il se trouve aussi des familles qui ont gardé cet art de vivre. Transmis de génération en génération, ces familles cultivent ce savoir-faire au grand bonheur des hommes. C?est le cas de Khalti Chérifa qui dit que « l?été est une saison d?économie». «Chez moi, pas de dépenses inutiles et pas de privation aussi. J?arrive avec peu de choses à satisfaire tout le monde. Les jus, je les prépare avec des légumes frais de saison, le yaourt aussi, les flans? je n?achète pratiquement rien», confie-t-elle avec un zeste de fierté. Native du Nord constantinois, cette vieille dame est, à elle seule, une véritable encyclopédie dans l?art de cuisiner. Pour sa bru, chaque jour est une découverte. «Je prends le pli avec goût et c?est d?ailleurs mieux comme cela. Avec mon mari on arrive, sans se priver, à faire des économies malgré son maigre salaire. Tout se fait à la maison : les jus, les glaces, les flans, et en mieux d?ailleurs.» Rabah, le mari, n?omet surtout pas de remercier sa mère qui a inculqué les bonnes manières et les bons réflexes à son épouse. «La vieille gère tout. Et je m?en sors très bien. Ce que les gens achètent dehors, que je qualifie d?ailleurs de superflu, nous, nous le faisons chez nous à moindre frais. C?est carrément génial», confie-t-il. D?un revenu de pas plus de 12 000 DA/mois, Rabah avoue qu?il ne dépense que 1 700 DA par mois pour ces extras. D?autres familles tendent, en ces temps de disette, à adopter cette pratique. «Les différentes chaînes de télévision spécialisées dans l?art culinaire nous enseignent énormément d?astuces à moindre coût», souligne une mère famille. Même si l?envie est tenace, le génie finit toujours par avoir raison d?elle.