Sur un marché de Phnom Penh, la préhistoire du Cambodge est à vendre, à la pièce, à un prix modeste. Mais la perte est irrémédiable pour qui voudrait en savoir plus sur une civilisation remarquable mais dont l'origine reste mal connue. Deux dollars pour un chapelet, 15 pour un outil de pierre vieux de 3 500 ans, les achats de ce genre d'antiquités se répètent un peu partout dans le royaume, privant les archéologues de sources de connaissance inestimables au moment où ils commencent seulement à y avoir accès après des décennies de conflit. Poteries et bracelets de bronze peuvent sembler peu de chose au côté des merveilles de la statuaire volées par les pilleurs de tombes. Ce genre de trafic est quasi impossible à surveiller. «Par définition, ces objets se trouvent sous terre. La découverte en est faite par hasard par des gens qui passent beaucoup de temps à creuser près des endroits où ils ont déjà trouvé quelque chose», ajoute M. Clément. Dougald O'Reilly, directeur du groupe Heritage Watch qui cherche à protéger les richesses enfouies du Cambodge, en souligne l'importance. «En termes d'archéologie mondiale, le Cambodge est une mine d'or, de surcroît totalement inconnue. Angkor représente une des plus grandes civilisations de l'humanité et les préhistoriens ignorent tout de ses origines», dit-il. Les autorités semblent conscientes du problème, mais la tâche est difficile. Le secrétaire d'Etat à la Culture, Chuch Phoern, estime que la législation est excellente mais note que la police manque de formation et regrette que la population ignore l'importance de la préservation de ce patrimoine. Pour Heritage Watch, une solution passe par l'éducation des villageois pour les convaincre que la conservation des objets anciens dans des musées peut se traduire par une source de revenus plus durable que leur commerce.