Bibliothèque Mourad Benzidan est, depuis cinq ans, directeur de la bibliothèque urbaine de la commune de Mohammadia, et travaille pour la promotion de la lecture publique. InfoSoir : Peut-on dire que votre bibliothèque est un exemple à suivre ? Mourad Benzidan : Ce n?est pas à moi de le dire, c?est plutôt à l?opinion publique de se prononcer là-dessus. De plus, il n?y a pas d?autres bibliothèques avec lesquelles on peut se comparer en évaluant le travail qui se fait entre nous. Quel est votre souhait ? Mon souhait est qu?on parvienne à généraliser les bibliothèques. Il faut qu?il y ait des bibliothèques de quartier, de proximité. Par exemple, on a la bibliothèque de Mohammadia, pour toute la commune, il faut imaginer des bibliothèques annexes, des espaces aménagés, en ce sens, pour rapprocher au mieux le livre du citoyen. Peut-on parler de bibliothèque en Algérie, telle que définie par les normes internationales ? La bibliothèque algérienne est à créer, elle n?existe pas encore. Il faut que le département du ministère de la culture réserve toute l?attention nécessaire et suffisante à ce chapitre très important de la lutte contre l?analphabétisme, pour élever le niveau culturel des jeunes, pour l?ouverture des esprits et l?émancipation de la société. Comment cela doit-il se faire ? Pour ce faire, c?est tout un domaine, c?est tout un métier, un certain nombre de moyens, un savoir-faire et un aménagement de ces espaces : il faut qu?il y ait des couleurs, des formes afin que l?enfant puisse se sentir dans son élément et que le jeune puisse accepter d?y passer des heures à lire. Donc, c?est un domaine où l?esthétique a son importance et où également il faut travailler en intelligence avec son public, communiquer avec lui, saisir et répondre à ses attentes, et aussi aller dans la promotion de ce que la littérature est patrimoine universelle, sans exclusion de langue, sans censure d?esprit. L?esprit de la bibliothèque existe-t-il encore ? L?esprit de la bibliothèque y est, mais ce qui manque, c?est un statut juridique permettant à l?établissement d?avoir un budget, de pouvoir bénéficier d?un organigramme, d?un personnel qualifié et, bien sûr, tout cela sous la tutelle du président de l?APC de Mohammadia qui va présider un conseil d?administration, où sera décidée la politique à mener au niveau de cette bibliothèque pour acquérir davantage de moyens qui nous permettront d?atteindre nos objectifs. Les autorités locales en sont-elles conscientes ? L?APC est consciente de l?importance de cette structure culturelle, en tout cas dans le discours, il y a l?expression d?une volonté de soutenir l?action qui est entamée depuis cinq années, de participer au bon fonctionnement de la bibliothèque et d?aller de avant. Maintenant restent les actes. Un mot pour finir. Il est impératif que les autorités du pays prennent en charge la promotion de la lecture publique et des bibliothèques qui constituent à notre avis un acte important, salutaire pour le devenir de la jeunesse algérienne, et celui de notre patrimoine culturel.