Flamme Un artiste est un témoin de son temps et de son milieu. Saliha Khelifi est originaire de Kabylie. Elle est retournée aux sources et, avec ses tableaux pleins de symboles, elle nous relate la vie et l'histoire. Saliha Khelifi est artiste peintre ; elle est également professeur d?arts plastiques au lycée Frantz-Fanon de Bab El-Oued, à Alger. Elle nous relate ses débuts dans l'art : «En 1985, j?ai obtenu le prix du meilleur professeur à Alger. Ce prix m'a encouragée et comme j'avais un penchant pour l'art j'ai repris mes études. En 1989, j'ai obtenu un diplôme de professeur de dessin (arts plastiques) avec mention. J'étais major de promotion. Alors, j'ai commencé à peindre.» L?artiste a réalisé des tableaux et des miniatures : «Au début, j?ai réalisé une trentaine de miniatures. Puis je suis parvenue à réaliser une calligraphie.» Saliha Khelifi nous parle de cette calligraphie : «C'est une calligraphie de feu. Je me suis inspirée du koufi. J?ai développé cette écriture et je suis parvenue à écrire des lettres en forme de flamme. C?était en 1989/90. La calligraphie de feu, c'est la flamme qui symbolise un peu ce qui se passe chez nous et même à travers le monde : les guerres, les conflits, la famine? C'est après une longue observation que j'ai réussi à peindre les flammes. J'ai réalisé 30 miniatures et 10 ?uvres en aluminium.» Par la suite, l?artiste se consacre également à la poésie : «J?ai écrit plusieurs poèmes sur mon pays, sur l?espoir et les jeunes. J'ai marié mon pinceau avec ma plume. J?ai réalisé les tableaux sous forme de poèmes. Je suis très sensible à ce qui m'entoure, surtout le sort de notre jeunesse.» Saliha Khelifi parle de son expérience d?enseignante : «J'ai un penchant pour l?art pédagogique, l?art qui enseigne. J'ai remarqué que les jeunes font de belles choses pourvu qu?on les encourage. On coupe les ailes aux jeunes et on leur demande de voler. Comment ?» Aujourd?hui Saliha a à son actif plus de cent tableaux. Ces derniers renferment plein de symboles : «Il y a plus de mille symboles berbères répandus dans l'Afrique du Nord. Je choisis les symboles les plus utilisés : tatouage au menton, sur le cou, symbole du scorpion, papillon, oiseaux? chaque symbole a une signification.» Saliha Khelifi s'est inspirée de Francisco Goya, peintre et graveur espagnol (1746-1828) auteur du livre Les Désastres de la guerre. «Les symboles qu?on retrouve dans les livres sont en noir et blanc. J?y ai ajouté des couleurs pour les embellir. Le symbole de la femme, je l'ai fait sur un fond vert avec beaucoup de rose parce que la femme symbolise la vie. Nos artisans utilisent beaucoup de symboles dans les poteries, le tissage?» Saliha Khelifi a déjà exposé ses ?uvres à Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, Mostaganem? «Mes tableaux ont des titres : symboles berbères, calligraphies, énigmes, poèmes? Mes ?uvres sont didactiques et mon message passe.» Saliha ne veut pas s'arrêter en si bon chemin. Elle continue de créer : «Le tapis de Ghardaïa a eu la quatrième place mondiale grâce justement aux symboles qu'il renferme.» Notre artiste souhaite que l'éducation artistique se généralise dans nos écoles : «Les psychologues conseillent les activités culturelles et artistiques. Ces activités ne sont pas une perte de temps. Bien au contraire, elles rendent le jeune équilibré. Il faut apprendre à nos enfants à aimer tout ce qui est artistique.» Beaucoup d'artistes continuent à travailler dans l?ombre pour produire des merveilles et rallumer les feux de l'amour et de l'espoir !