«Li ih'ebb chbah' ma yqul ah'», dit le proverbe bien connu (celui qui veut la beauté doit accepter de souffrir pour l'obtenir). Les femmes, qui aiment se faire belles, en savent quelque chose : il faut s'épiler, se tirer les cheveux, perdre du poids pour garder la ligne? Autrefois, les femmes se faisaient aussi tatouer, et le tatouage, comme chacun le sait, se pratiquait avec des épines et faisait couler le sang jusqu'à terre. Un proverbe kabyle dit d'ailleurs, à ce propos : «Ulac tichrad' mbla idamen» (il n'y a pas de tatouage sans faire couler de sang), ce qui rejoint le proverbe cité plus haut. «Qui veut être beau ne dit pas aïe» ne vaut pas seulement pour la beauté ; en fait, il s'agit de tous les sacrifices que l'on doit consentir pour parvenir à un but, des peines qu'il faut endurer pour obtenir du plaisir ou des avantages. Un autre proverbe dit, à ce propos : «Elli edkhkhel alh?ammam labud ya?âraq» (qui entre dans le hammam ne peut s?empêcher de suer). Le principe même du hammam (ou thermes) est de provoquer une sudation abondante. La sueur, dit-on, fait partir la saleté et relaxe le corps, mais elle constitue aussi une peine puisqu'il faut supporter la chaleur et la vapeur auxquelles on s'expose. Il y va de la vie comme d'un hammam : accepter ses peines et ses pressions pour être beau et se détendre ! Il y a des sacrifices qui sont encore plus douloureux, à l'exemple de ceux qu'évoque ce proverbe : «Elli yebghi le'esel, yes'bar 'âIa qrays' annah'l» (qui désire du miel doit supporter les piqûres d'abeilles). Le miel est ce qu'il y a de plus doux et les piqûres d'abeilles ce qu'il y a de plus douloureux. Si on veut le miel, il faut supporter les piqûres, si on a peur des piqûres ou qu'on veut les éviter, il faut renoncer au miel. La souffrance et le plaisir, mais pas le plaisir sans la souffrance, tel est le dilemme que pose le bon sens populaire !