Projet ■ La fête de la S'biba célébrée chaque année à Djanet devrait bientôt être classée au patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Chaque année depuis plus de 3 millénaires, lors de la fête d'El-Achoura, les différentes tribus touareg du Tassili N'ajjer se réunissent dans l'oasis de Djanet au sud-est du pays pour célébrer le pacte de la paix, la S'biba, perpétuant ainsi une tradition plusieurs fois millénaire. Les femmes, parées de leurs plus beaux bijoux, entonnent des chants touareg tandis que les hommes revêtent des costumes traditionnels et se livrent une guerre «sans sang». Sous les chants guerriers, ils se défient et la tension monte, mais ils ne s'affrontent jamais. La S'biba puise son origine dans l'histoire ancienne de la guerre que se livraient les deux principales tribus touareg du Tassili N'ajjer et le pacte de paix qu'elles signeront après des années d'affrontements. Cette manifestation, riche en rythmes, en mouvements et en couleurs regroupe les deux ksour dominant la ville de Djanet. Elle est marquée par des joutes amicales entre leurs habitants et des danses sur les rythmes des tambourins. Des guerriers en grand apparat reproduisent les guerres que se livraient, il y a des siècles, les tribus de la région. La paix est instaurée après l'intervention des sages. Cette genèse devrait suffire pour que la S'biba soit classée, en novembre prochain, patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'Unesco, a indiqué hier samedi à Mascara le directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques. Selon Slimane Hachi, le dossier proposé par l'Algérie en vue du classement par l'Unesco de cette manifestation populaire millénaire comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité devrait connaître une issue positive. «Le CNRPAH a été chargé par le ministère de la Culture du suivi du dossier du patrimoine culturel immatériel algérien remis l'année dernière à l'Unesco, un dossier complet sur la S'biba qui a été étudié par cette agence spécialisée relevant de l'ONU. Il est attendu une réponse positive qui sera annoncée en novembre prochain», a expliqué Slimane Hachi. Par ailleurs, Slimane Hachi, qui conduit ces derniers jours, une mission d'archéologues sur le site de l'homme primitif de Tighennif dit «Homme de Palikao», a indiqué que le CNRPAH élabore actuellement un dossier pour le classement du couscous, plat maghrébin, au patrimoine immatériel mondial. Quatre manifestations et expressions culturelles immatérielles nationales ont été classées par l'Unesco. Il s'agit de l'Ahellil du Gourara (2008), de la Chedda Tlemcénienne (2012), du Rokb ou le pèlerinage annuel au mausolée de Sidi-Cheikh, à Labiod Sidi-Cheikh dans la wilaya d'El-Bayadh en 2013 et les pratiques et savoirs liés à l'Imzad, le célèbre instrument de musique des Touaregs, toujours en 2013.