Musique ■ La voix de Sétif s'est éteinte. Le célèbre chantre de la chanson sétifienne, Samir Belkheir, plus connu sous son nom d'artiste Samir Staïfi, n'est plus. Il est décédé, hier, au centre hospitalo-universitaire de Sétif à l'âge de 66 ans des suites d'une longue maladie. Tombée tel un couperet, la nouvelle de la disparition du chanteur a plongé, une fois encore, la famille culturelle et artistique algérienne dans le deuil. Rappelons que Samir Staïfi, connu et aimé pour sa voix puissante aux trémolos chevrotants, et apprécié aussi pour son affabi-lité, sa spontanéité, sa grande disponibilité et sa générosité, a été, depuis plus de trois semaines, hospitalisé à cause d'une complication du diabète. L'interprète du fameux tube Ya moul echèche a voué toute sa vie, pendant plus de quarante ans, à la valorisation la chanson sétifienne. Il tirait sa vigueur et son authenticité de l'immémorial chant s'raoui, chant traditionnel de Sétif qui repose sur la puissance de la voix et la force du souffle de son interprète. Celui qui ne pouvait vivre sans la chanson sétifienne qui «coule dans ses veines», avait pas mal de projets en chantier. Pour rappel, le digne représentant de la chanson sétifienne, aussi bien en Algérie qu'à l'étranger où il était souvent invité à se produire, a connu le succès avec El Aâzba staïfia, une chanson sortie en 1979. Son répertoire s'est ensuite enrichi très vite avec notamment les tubes Khali Ya Khali, Kahlouchi, Khatem sobeï, Harat Zemmour El Aâlia, Moulechache, Ouaynek Ya Aïn El Fouara ou encore Meddi Yeddek lel'Henna. Toutes ces chansons ont jalonné la carrière artistique de Samir Staïfi, carrière qualifiée d'unique et riche. Un répertoire indémodable, puisque les chansons par lesquelles le chanteur s'est admirablement distingué ont fait danser des générations de jeunes et moins jeunes Sétifiens. Même les jeunes d'aujourd'hui continuent à écouter ses chansons, qui sont très demandées sur les ondes de la radio locale, mais aussi nationale. Il est devenu d'ailleurs difficile d'évoquer le sraoui et le genre staïfi sans faire référence à cet artiste le plus prolifique du côté des Hauts- Plateaux. Celui qui avait servi durant toute sa vie à faire connaître avec beaucoup de générosité le pa-trimoine musical sétifien a déclaré lors d'un entretien avec l'APS, en décembre 2005, que «la chanson sétifienne, je l'ai toujours servie et je continuerai de la servir jusqu'à mon dernier souffle». Il est considéré ainsi comme un authentique et est vivement salué aussi bien par la critique que par le public. Il est vu comme un exceptionnel ténor, devenant aussitôt le chanteur le plus en vogue dans le genre sraoui. Samir Belkheir, qui s'en est allé en laissant un riche et impérissable répertoire, a été inhumé dans l'après-midi d'hier, mercredi, après la prière du dohr, au cimetière de Sid-El-Khier à Sétif. Avec ses chansons, l'enfant terrible d'Aïn El-Fouara fera toujours parler de lui.