Culture ■ Une hémodialyse coûte, en Algérie, «5 fois plus cher qu'une transplantation rénale». Un constat sans appel sur lequel est revenu hier samedi à Constantine, Rahima Bouameur, doctorante à l'université Paris 8 (France). Puisant dans les statistiques, la doctorante a souligné qu'en 2014, ce ne sont pas moins de 18 500 dialysés, donc autant de receveurs potentiels, qui ont été recensés à l'échelle nationale. Quelque 1 500 d'entre eux sont sur la liste d'attente d'une greffe, a-t-elle encore ajouté, précisant que chaque année, 35 000 nouveaux cas d'insuffisance rénale sont diagnostiqués, parmi lesquels 350 nécessitent une transplantation rénale. Mme Bouameur, qui a présenté son livre intitulé Don et prélèvement d'organes, enjeux éthiques, religieux et sociétaux, a indiqué que depuis 1986, date du lancement de la greffe rénale en Algérie, 970 transplantations seulement ont été effectuées. Elle a également ajouté qu'en 2012, 95 malades dialysés ont été greffés à partir de donneurs vivants, contre deux greffes effectuées à partir de donneurs décédés. En 2014, 1% seulement de l'ensemble des dialysés receveurs potentiels ont pu bénéficier d'une transplantation rénale dont le coût est estimé à 40 000 dollars, ajoute-t-elle. Des chiffres qui en disent long sur le manque d'information et de sensibilisation de la société civile à l'importance du don d'organe qui selon elle, «bloque» une intervention vitale pour des milliers de patients, souffrant d'insuffisance rénale. Pour la doctorante, «une sensibilisation ‘régulière' des citoyens, alliée à une ‘prise en charge médicale et sociale adéquate' des donneurs d'organes, permettrait de relancer la transplantation rénale et de soulager des milliers d'insuffisants rénaux en attente d'une greffe». S'exprimant au cours d'une rencontre scientifique sur les «enjeux éthiques et religieux» de la transplantation rénale, l'universitaire a précisé, à ce propos, que la loi algérienne et les préceptes religieux «autorisent la transplantation rénale» chose que beaucoup de citoyens «ignorent» tandis que d'autres sont «mal informés». Elle a appelé les associations, les néphrologues et les imams à «miser sur la diffusion de la culture du don d'organe pour avancer dans ce domaine». Sur le sujet, des spécialistes participant à une rencontre médicale organisée, durant cette même journée de samedi à Blida ont estimé qu'«il est temps d'encourager les membres de notre société à faire don de leurs organes au profit des milliers de malades, à travers le pays, qui souffrent en silence, qui d'une insuffisance rénale chronique (IRC), qui d'une hépatite, qui d'un cancer du sang et de bien d'autres maladies du cœur ou du poumon». Lyes Sadoun Ce que dit la religion Une fetwa émise en 1975 par le Conseil supérieur islamique autorise la greffe d'organes sur donneur vivant et cadavérique, dans le respect des règles de la jurisprudence. Pour le doyen de la faculté de charia et d'économie de l'université des sciences islamiques Emir-Abdelkader, Kamel Ladraâ, les débats, initiés visent à mettre en place une «passerelle» entre les scientifiques, les praticiens et les religieux pour mieux s'organiser et parvenir à répandre la culture du don d'organes. L. S.