Constat ■ Le Salon international du livre d'Alger, qui prend fin aujourd'hui, est la manifestation la plus importante dans le secteur de l'édition. L'activité éditoriale, selon que l'on soit une «grosse boîte» ou une petite édition, trouve dans cet événement culturel annuel un rendez-vous de concertations et d'initiatives. Rachid Bouzid, directeur des éditions Rafar, a bien voulu s'exprimer sur la manifestation et le marché du livre en Algérie. Créée en 2009, la maison de publications Rafar a contribué à une vingtaine de publications entre le roman, le beau livre, le recueil de poésie, les écrits historiques et les essais. Professionnel du livre pour avoir été cadre dirigeant à l'ENAL, présent à plusieurs grands Salons du livre à l'étranger, Rachid Bouzid fait partie du cercle des éditeurs qui ont conscience des nombreuses entraves liées au secteur éditorial, sans pour cela jeter le tablier. Téméraire il dit : «J'aime ce que je fais, j'ai appris lors de mes années à l'ENAL tous les rouages du secteur du livre, ses hauts et ses bas, ça me permet de cerner les différents problèmes inhérents au secteur. Aussi, je reste optimiste quant à l'évolution du marché du livre en Algérie.» A la question de savoir comment considérer l'événement culturel du Salon du livre vis-à-vis du champ éditorial en Algérie et du secteur du livre en général lorsqu'on est éditeur, M. Bouzid répond : « L'événement en lui-même demeure essentiel pour les professionnels, il nous permet d'avoir un regard sur l'évolution du marché en Algérie et ailleurs et d'harmoniser les relations d'ouvrir des débats entre les différents acteurs du marché du livre.» S'agissant du fonds de soutien aux éditeurs comme étant une porte de secours destinée aux éditeurs et permettant une plus grande flexibilité de publication de nouveaux auteurs, M. Bouzid réplique : «Certes, sans ce fonds nombre d'éditeurs auraient mis la clé sous le paillasson. Cependant, il y a une réalité qu'il ne faut pas nier, c'est que la subvention en elle-même est mal répartie. lnitialement, elle était destinée aux jeunes auteurs, alors que maintenant elle est octroyée à tout le monde. Notre souhait est qu'elle soit destinée pour une plus grande part aux jeunes écrivains.» Abordant les contraintes du marché et de l'édition, le directeur de Rafar met en exergue la fermeture de dizaines de librairies qui n'ont pas pu continuer leur activité, appelant à «une politique éditoriale cohérente et non ponctuelle qui ne se limite pas aux dates événementielles». Au sujet du projet de loi sur le livre, qui ne fait pas l'unanimité auprès des professionnels, M. Bouzid rétorque : «La proposition de loi est en elle-même louable, à condition que son application soit rigoureusement suivie ...» Evoquant la place du livre numérique en Algérie, sa diffusion et sa disponibilité, notre interlocuteur explique qu'il faut d'abord «maîtriser la chaîne du livre classique, le livre numérique suivra en temps opportun». Leila N. Concernant les obstacles qui entravent l'activité d'un éditeur, Rachid Bouzid n'y va pas par quatre chemins, déclarant : «La distribution reste le point noir, le souci premier de l'éditeur en attendant que soit mise en place une réelle chaîne de distribution. Pour ma part, je me charge de la distribution pour permettre aux auteurs d'être lus. Je voudrais ajouter une dernière chose, je considère que le prix du livre reste cher pour les bourses moyennes et qu'on devrait le revoir à la baisse.» Ainsi, Rachid Bouzid – comme tant d'autres éditeurs – réitère son appel à revoir les mécanismes de l'aide publique à l'édition et à mettre en place de véritables réseaux de distribution. Il est question aussi de la formation et de la qualification dans les différents métiers intervenant en amont et en aval de l'édition.