Après 18 jours, le détenu est supposé être amené devant un «tribunal» militaire improvisé (en fait, sous une tente avec pour mobilier une chaise et une table), où le juge peut prolonger sa détention, lui donner un ordre de détention administrative, ou le relâcher. Fréquemment, les juges servant dans ces tribunaux en Cisjordanie et dans la bande de Gaza manquent de formation et d'expérience. Au contraire, ce sont des officiers militaires de carrière de l'Intelligence militaire. Ces tribunaux ne répondent pas aux normes en vigueur, mais dépendent plutôt d'un système d'arrêtés militaires israéliens émis par l'autorité militaire. L'arrêté militaire définit la situation comme «une situation de guerre», pourtant les prisonniers ne sont pas considérés comme des prisonniers de guerre. Les ordres de détention administrative sont généralement délivrés à partir de «preuves tenues secrètes». Le prisonnier ne peut avoir connaissance des éléments secrets retenus à son encontre, et n'a pas de représentation juridique. Ceux qui se retrouvent avec un ordre de détention administrative sont transférés à Ansar III, récemment rouvert (Ketziot), une prison faite de tentes dressées dans le désert du Néguev. La plus grande et la plus frustrante barrière que les avocats palestiniens doivent franchir, est d'essayer d'obtenir des informations sur les prisonniers en centres de détention. Des visites sont autorisées uniquement après 18 jours, mais on exige des avocats qu'ils aient les noms des personnes qu'ils désirent voir. Les autorités en charge de ces centres ne fournissent pas les noms ou le nombre de ceux qu'ils gardent en détention ; de ce fait, les renseignements doivent être trouvés du côté de ceux qui sont relâchés ou des membres de familles (qui ne savent pas où leurs proches sont gardés). Les personnes ne sont pas nécessairement détenues près de leur lieu de résidence ; par exemple, DCI-PS fut informé de deux enfants du camp de Jénine détenus près de Ramallah. Une fois, une liste de noms fut présentée à la personne responsable du centre, mais c'est selon l'humeur qu'ils autorisent l'avocat à visiter ses clients. DCI-PS fut informé d'avocats qui furent obligés d'attendre deux semaines avant qu'on ne leur donne l'autorisation de rencontrer des détenus. Durant leur détention ou emprisonnement, les enfants palestiniens sont régulièrement déplacés d'un centre à un autre, afin de leur donner l'impression qu'ils sont seuls et que personne ne peut les aider. Ils passent des périodes prolongées coupés du monde extérieur, du fait qu'on leur refuse la visite de leur famille et même de leur représentant juridique, et quand ils sont autorisés à voir leurs parents, les couvre-feux incessants, les bouclages et autres restrictions empêchent les membres de leurs familles de parvenir jusqu'aux centres de détention. Les jeunes prisonniers sont placés dans une cellule sale, malodorante (200 cm sur 150 cm) connue sous le nom de «zinzaneh», le sol peut être mouillé ou couverts d'excréments humains. La cellule peut être soit presque complètement dépourvue de lumière, ou constamment éclairée. Si le (la) prisonnier (ère) essaye de dormir, un garde viendra le (la) réveiller. De plus, les enfants sont souvent privés de nourriture et n'ont pas accès aux toilettes.