Rendez-vous ■ C'est du 30 décembre 2014 au 4 janvier 2015 que se tiendra le 5e Festival culturel international d'Abalessa-Tin Hinan pour les arts de l'Ahaggar (Fiataa). Le Festival se tiendra, comme chaque année, dans le campement de Tidessi et les localités d'Abalessa et In Salah, mais aussi à Tigmarin, In Amguel et Ifragh. Ce rendez-vous, qui se veut, selon Ahmed Aouali, commissaire du Festival, «un espace et un moment de découverte du riche patrimoine culturel saharien à travers ses dépositaires», verra la participation de musiciens de renommée mondiale, à l'exemple du Malien Bassekou Kouyaté et son orchestre de n'goni, «N'goni ba», ses compatriotes de la troupe «Tindi Isawat», le chanteur afro-reggae, le Burkinabé, Bob Sana, ou encore le groupe nigérien «Toumast»... Aux artistes internationaux, s'ajoutent d'autres nationaux, qui seront à l'affiche de ce festival qui rendra compte toute la richesse et la diversité du patrimoine à la fois matériel et immatériel que recèle cette région – puisque la population est détentrice d'un riche et authentique patrimoine culturel immatériel, somme de connaissances, de représentations sociales, de compétences et de techniques. Ainsi, des formations musicales du Grand-Sud s'y produiront également, et ce, à l'instar des groupes «Imerahne», «Ithrane n'ahaggar» et «Toumast Tenéré», outre de jeunes musiciens de In Guezzam, Tamanrasset et Djanet. Le festival rendra un hommage au regretté Othmane Bali. Et c'est son fils, Nabil Bali Othmani, et Miloudi Choughli qui perpétuent chacun à sa manière le legs du virtuose du luth et de la chanson traditionnelle targuie, disparu en 2005. Le programme prévoit, outre des concerts de musique, des expositions d'artisanat : cuir, vannerie, poterie... Les exposants, dont les artisans, étaleront au grand public leur savoir-faire local et ancestral. A ce propos, Ahmed Aoua explique : «Les artisans expriment leur savoir-faire par des gestes, des compétences, des représentations et des techniques liés aux aspects d'une vie pratique et en symbiose avec le milieu et l'environnement saharien.» C'est alors que le festival, qui consiste à re-construire et à se réapproprier la mémoire culturelle régionale, se présente aux visiteurs comme «un lieu de jonction et d'expression des patrimoines culturels authentiques permettant à ses détenteurs de mettre en pratique leur savoir et leur art».Comme chaque année, les organisateurs ont prévu des espaces consacrés aux jeux populaires de la région et aux musiques traditionnelles ancestrales de l'Ahaggar, l'Imzad (classé en 2013 au Patrimoine mondial de l'humanité), le Tindé et le Tazangharet. Des ateliers d'animation artistique qui comptent un espace de dessin et peinture, un autre pour la bande dessinée et le manga, un atelier de calligraphie Tifinagh et une espace pour les musiques et danses africaines accueilleront les enfants de Tamanrasset et des localités environnantes. Enfin, un bibliobus, un conteur et un magicien sillonneront également quelques communes de la wilaya. Yacine Idjer Devenu, après cinq années d'existence, le Festival, qui regroupe des ethnologues, des anthropologues, des archéologues et des musicologues, se révèle un espace d'animation, d'initiation artistique et de distraction. Il est aussi un moment de rencontre, de retrouvailles, de joie et de beauté. Ce qu'il faut noter, c'est que le Festival insiste sur la nécessité d'aller vers la politique de l'écotourisme et de réhabiliter l'habitat traditionnel touareg, pour encourager l'artisanat et le tourisme. C'est pour ça que l'Etat doit s'impliquer pour fournir les moyens de faire avancer les choses. En d'autres termes, protéger les sites archéologiques, la faune, la flore, et aussi dévoiler et vulgariser les richesses culturelles et historiques que recèle l'Ahaggar – cette accumulation fonde l'identité des populations de la région, laquelle repose sur trois axes essentiels : son savoir et savoir-faire, sa littérature orale et ses arts. En effet, on explique que « le patrimoine culturel immatériel se trouve aujourd'hui menacé de disparition avec la disparition progressive de ses dépositaires. En dehors des événements festifs, ces derniers n'ont en effet guère l'occasion de mettre en pratique leur savoir ni leur art. D'autre part, « la modernité tend à dévitaliser les arts immatériels et à mésestimer le savoir-faire ancestral». C'est pour cette raison que « le Festival culturel international des arts de l'Ahaggar Abalessa-Tin Hinan participe à une démarche de sauvegarde de cet héritage culturel et de sa valorisation », à savoir : valoriser le patrimoine culturel matériel et immatériel ; protéger et sauvegarder les biens culturels immatériels ; sauvegarder l'intégrité des traditions et éviter leur déformation lors de leur transmission et/ou de leur diffusion ; contribuer à la constitution de corpus et de banques de données sur le patrimoine culturel immatériel ; identifier les personnes ou groupes de personnes détenteurs et dépositaires d'un bien culturel immatériel ; contribuer à la diffusion et la socialisation du patrimoine culturel immatériel auprès des jeunes générations et aider à leur fournir les moyens d'innover.