Réalité ■ Ce fléau, de plus en plus inquiétant, s'est taillé la part du lion dans la liste des affaires traitées par les tribunaux à travers le territoire national. Selon les statistiques officielles, une moyenne de 40 000 cas de divorce sont enregistrés chaque année dans le pays, ce qui renseigne, on ne peut mieux sur l'ampleur du phénomène, dans une société conservatrice sacralisant le lien conjugal. Ainsi, de 2007 à 2011, le nombre de cas de divorce a connu une hausse de 61%, passant de 34 123 à 55 490. La même tendance a été enregistrée durant les quatre dernières années, selon des observateurs, qui ont affiché, à maintes reprises, leur «pessimisme» quant à un éventuel recul, car les mêmes causes sont toujours là et aucune mesure n'est prise pour venir à bout de ce phénomène de société. Le fait est nouveau et date de seulement quelques années, car, auparavant, les parents, beaux parents, amis, imams et personnes influentes de l'entourage des époux faisaient tout pour maintenir le lien entre les couples pour empêcher leur séparation. Des conseils, des orientations et, parfois même, des aides matérielles, si besoin est, étaient offerts au couple pour le dissuader d'en arriver à cette extrémité. Le divorce s'apparentait, en effet, à un «péché». Pour plusieurs observateurs, l'évolution des mentalités et cette tendance à la libéralisation de la vie privée, qu'a connues notre société ces dernières années, constituent les principales causes de la hausse constante du nombre des divorces. La retenue et le bon sens n'ont plus beaucoup de place chez les jeunes qui se marient en été pour se retrouver en face du juge en hiver ! Pour un simple différend, la vie du coupe devient insupportable, voire impossible, en raison de l'entêtement de chaque partie à vouloir dicter sa vision des choses ou à imposer son opinion sur l'autre, tout en mettant de côté l'intérêt de cette jeune famille et compromettant, donc, son avenir. Les chiffres sont effarants sur ce fléau et aucune mesure n'est prise pour le moment pour le juguler. En amont, seules certaines initiatives émanent d'associations consistant à assurer «une formation avant le mariage» aux jeunes, sur la conduite à tenir dans leur nouvelle vie. L'université, la société civile, l'institution religieuse et la famille sont restées en marge et leur intervention n'arrive qu'en aval, c'est-à-dire après que le divorce est prononcé, d'où l'inefficacité de leur démarche. Donner une force et une solidité au lien conjugal nécessite l'implication de toutes les parties prenantes de la société, surtout que la rupture de ce «cordon sacré » engendre souvent des effets «ravageurs». En attendant une réaction salutaire, le divorce, qui n'est nullement une fatalité, continue de décimer la société algérienne...