Le nombre des divorces a-t-il réellement explosé? Celui des mariages est-il véritablement en chute libre? Telles sont les principales questions qui s'imposent suite à l'exploitation médiatique de deux études, l'une du CENEAP (Centre national d'études et d'analyses pour la planification) et l'autre du ministère de la Justice. La première étude publiée en 2003, et portant sur le thème de l'évolution de la structure familiale, révèle que 25.000 cas de divorces sont enregistrés par an et que la moitié d'entre eux est engagée par l'époux. Souvent, le motif est la désobéissance de la conjointe. Par contre, de 2000 à 2002, seulement 8 à 10% des divorces ont été prononcés à l'initiative des femmes alors que moins de 3% de ces dernières sont parvenues en 2002 à acheter leur divorce par le biais de la «khol'â». L'étude du ministère de la Justice, elle, est plus alarmante : De 2007 à 2011, le divorce aurait connu une hausse de 61%, passant de 34 123 à 55 490 annuellement ! Sur ce nombre, la répudiation arrive toujours en tête, soit 50%, alors que 38% des dissolutions de mariage sont consenties à l'amiable. Cependant les cas de divorces à l'initiative de l'épouse, selon une autre étude de l'ONS, par Khol'â, seraient de plus en plus fréquents depuis l'amendement du code de la famille en 2005. Enfin, les spécialistes affirment que 40% des cas de rupture de liens conjugaux interviennent durant les trois premières années de la vie du couple. Peut-on alors aller dans le sens des questions mises en exergue? Certainement pas, d'autant qu'il ressort que les inférences faites sur la base des chiffres étaient motivées par des aprioris idéologiques et politiques de leurs auteurs, selon les circonstances de l'actualité politique. Par contre, si l'on prend le cas de Témouchent et que l'on se réfère aux chiffres concernant son chef-lieu de wilaya, la réalité est toute autre. Prenons, 2004, année où en Algérie selon l'ONS, 267 633 mariages ont été enregistrés, soit une hausse de 11,5% par rapport à 2003. Cette augmentation de la nuptialité a été mise au compte de l'amélioration de la situation sécuritaire du pays, l'espoir d'un plus grand accès au logement et la multiplication des formules menant au marché du travail (informel inclus). A Témouchent, en 2003, 750 mariages ont été conclus contre 123 divorces. Dix années plus tard, en 2013, il y a eu 959 épousailles contre seulement 53 divorces ! De quoi s'interroger sur des généralisations à l'échelle du pays, pour le moins abusives. A cet égard, selon un planificateur à Témouchent, pourquoi n'interroge-t-on pas également le fait que l'âge moyen au premier mariage en 2008 est de 33 ans pour l'homme contre 29,3 pour la femme alors qu'il était de 31,3 ans pour les hommes et 27,6 ans pour les femmes dix années plus tôt ? «C'est pourtant, un indicateur probant sur l'évolution de la société». Et notre interlocuteur d'énoncer que ce serait plutôt le nombre des mariages qui a explosé plutôt que celui des divorces : «Notez, même si le parallèle statistique peut prêter à discussion, sur 361 050 habitants pour la wilaya, il y a eu 3526 mariages en 2004, soit un taux de 0,97%. Dix années plus tard, il a été enregistré 4875 noces pour 405116 habitants, soit 1,20% !»