Résumé de la 2e partie n Brian poussa un profond soupir. Il allait jouer à «faire semblant», comme à chaque fois qu'il voulait voir le temps passer plus vite… Puis, alors qu'ils se dirigeaient vers l'angle de la 49e Rue pour traverser l'avenue, il aperçut un homme s'apprêtant à jouer du violon, et un attroupement autour de lui. Soudain retentit l'air de «Douce nuit», et les gens se mirent à chanter. Catherine s'immobilisa au bord du trottoir. «Attendez, les enfants, écoutons cette musique quelques minutes», dit-elle à ses deux fils. Brian perçut le son rauque de sa voix et comprit qu'elle retenait ses larmes. Il avait rarement vu maman pleurer jusqu'à ce matin de la semaine dernière où quelqu'un avait téléphoné de l'hôpital pour annoncer que papa était très malade. Cally descendait lentement la Cinquième Avenue. Il était plus de cinq heures, et la foule se pressait autour d'elle, entrant et sortant des magasins, les bras chargés de paquets. En d'autres temps elle aurait partagé leur excitation, mais aujourd'hui elle se sentait beaucoup trop lasse. Pendant les vacances de Noël, tout le monde désirait se retrouver chez soi, et les patients à l'hôpital s'étaient montrés particulièrement déprimés ou difficiles. Leur expression abattue lui rappelait son propre découragement lors des deux Noëls précédents, tous les deux passés à la maison d'arrêt pour femmes de Bedford. Elle longea la cathédrale St. Patrick, hésita un instant au souvenir de sa grand-mère qui les y emmenait toujours, elle et son frère Jimmy, pour voir la crèche. Mais il y avait vingt ans de cela, elle avait alors dix ans et son frère six. Un instant, elle souhaita revenir en arrière, pouvoir changer le cours des choses, éviter les malheurs qui les avaient frappés et empêcher son frère de devenir ce qu'il était aujourd'hui. Le simple fait d'évoquer son nom suffit à soulever en elle une vague d'effroi. Dieu tout-puissant, faites qu'il me laisse tranquille, implora-t-elle. Tôt dans la matinée, Gigi cram-ponnée à ses jambes, elle avait entendu frapper violemment à sa porte et découvert l'inspecteur Shore et un autre policier, un certain inspecteur Levy, qui se tenaient dans le couloir mal éclairé de son immeuble au coin de la 10e Rue Est et de l'Avenue B. «Cally, tu planques à nouveau ton frère ?» Shore parcourait la pièce du regard, dans l'espoir d'y trouver le signe d'une présence cachée. C'est ainsi que Cally avait eu vent de l'évasion de Jimmy de la prison de Riker's Island. «II est accusé de tentative de meurtre sur la personne d'un gardien de prison, lui avait dit l'inspecteur d'une voix cassante. L'homme est dans un état critique. Ton frère a tiré sur lui et volé son uniforme. Cette fois-ci, tu risques autre chose que quinze mois de taule si tu l'aides à s'évader. Récidive de complicité par assistance ; s'agissant d'une tentative de meurtre - ou d'un meurtre sur un représentant de la loi, tu écoperas du maximum. A suivre