Reconnaissance n L'Académie française était l'ultime objectif de Assia Djebar, presque une obsession, elle s'était employée avec succès pour parvenir à se hisser auprès de l'élite de la langue française. Assia Djebar a fait l'objet d'une rencontre à l'Institut culturel français. Cette conférence a été animée par Kaoutar Harchi, au cours de laquelle cette dernière est revenue sur l'élection de la romancière à l'Académie française. Souvenons-nous, c'était en 2005 que la romancière à la renommée internationale et aux multiples distinctions a été élue au sein de cette institution, qu'est l'Académie française, devenue ainsi une Immortelle – c'est le nom donné à ceux et à celles qui y sont admis(es). Elle est devenue ainsi la première auteure nord-africaine à y être reçue. Pour l'intervenante, spécialisée dans la littérature de personnalités littéraires, à l'image de Kateb Yacine, Boualem Sansal, Kamel Daoud ou encore Assia Djebar, celle-ci n'a eu le fauteuil de l'Académie française que parce qu'elle jouissait d'abord d'une reconnaissance sur la scène internationale, en Allemagne, en Italie ou encore aux Etats-Unis d'Amérique. Ainsi, «Assia Djebar n'aurait été reconnue en France que parce qu'elle a réussi d'abord à faire reconnaître son travail aux Etats-Unis, en Italie et en Allemagne», a-t-elle estimé. En effet, c'est d'abord dans ces pays que Assia Djebar avait pu s'imposer comme une femme de lettres d'une portée universelle, en remportant d'illustres distinctions telles que le prix international de Palmi (Italie) 1998, le prix Marguerite-Yourcenar (USA) 1997, ou encore l'International Literary Neustadt Prize (USA) 1996… En d'autres termes, «l'élection d'Assia Djebar à l'Académie française n'a été possible que parce que cette dernière a été reconnue ailleurs», et, de surcroît, «parce que Assia Djebar l'a préparée» depuis longtemps. Kaoutar Harchi a fait savoir à l'assistance que, pour y être élue, Assia Djebar a dû agir de manière à établir des contacts privilégiés avec les membres de l'Académie française. Autrement dit, elle avait engagé dans le sillage des Immortels et de l'entourage de ces derniers une véritable campagne politique pour, au final, parvenir à être choisie. A ce propos, Kaoutar Harchi dira : «Pour accéder à la prestigieuse Académie française, vous devez rédiger une lettre. Lettre qui malheureusement n'est pas accessible, puisque les archives de l'Académie française sont interdites d'accès pendant une trentaine d'années. Assia Djebar, comme ses pairs, a dû mener une campagne officieuse qui, généralement, est matérialisée par des rencontres et des coups de fil…» Elle dira ensuite un peu plus loin : «Assia Djebar a eu dans sa démarche à faire valoir ce qu'elle pouvait apporter de plus à l'Académie française.» C'est alors qu'en y accédant, Assia Djebar, pour asseoir sa notoriété à Paris – un lieu considéré comme un centre littéraire et éditorial qui se prétend universel– et s'y imposer comme l'Académie française était l'ultime objectif de la romancière, presque une obsession, elle s'était employée avec succès pour parvenir à se hisser auprès de l'élite de la langue française et universelle.