La dépouille de la romancière algérienne Assia Djebar, décédée à Paris à l'âge de 79 ans, est arrivée jeudi en milieu d'après-midi à l'aéroport international d'Alger. L'arrivée du corps d'Assia Djebar a eu lieu en présence de la famille de la défunte, entourée de plusieurs personnalités politiques et culturelles dont la ministre de la Culture Nadia Labidi, l'ancien chef du gouvernement Rédha Malek, les anciens ministres Lamine Bechichi et Mahieddine Amimour ainsi que l'ambassadeur de France à Alger Bernard Emié. La dépouille mortelle, recouverte de l'emblème national et à laquelle un détachement de la Protection civile a rendu les honneurs, a été acheminée vers sa ville natale, sitôt arrivée à l'aéroport international Houari Boumediene, pour être ensuite déposée à la bibliothèque communale de Cherchell, dans l'après-midi, afin de permettre à ses compagnons de la scène littéraire et cinématographique de jeter un dernier coup d'oeil sur cette icône de la littérature algérienne et mondiale. Qualifiant Assia Djebar de "richesse nationale", Mahieddine Amimour a rendu hommage à "celle qui militait par la plume et (qui) n'a eu de cesse de revendiquer son algérianité", selon ses propos. L'ancien ministre Lamine Bechichi a estimé, de son côté, qu'il suffisait à "la grandeur de la romancière algérienne qu'elle eut été élue à l'Académie française". Egalement présente à l'aéroport d'Alger, Aouicha Bekhti, militante féministe de Cherchell considère que la défunte a "porté la voix de la femme algérienne, et de la femme de Cherchell, dans le monde entier". En plus de son élection à l'Académie française, Assia Djebar avait été décorée des médailles de l'Ordre des arts et des lettres et de la Légion d'honneur de la République Française. Née le 30 juin 1936 à Cherchell, Assia Djebar, Fatma Zohra Imalhayène de son vrai nom, est considérée comme un des auteurs les plus célèbres et plus influentes du Maghreb et du monde francophone. Egalement cinéaste et auteur de théâtre, elle laisse derrière elle une oeuvre riche et variée pour laquelle elle a reçu pas moins d'une dizaine de distinctions littéraires et cinématographiques internationales. Candidate à plusieurs reprises au prix Nobel de littérature, Assia Djebar avait publié son premier roman "La soif" en 1957, tout en réalisant, durant une carrière de plus de 50 ans, des essais d'histoire et de nombreuses oeuvres cinématographiques, dont "la Nouba des femmes du mont Chenoua". Assia Djebar était aussi connue pour son engagement dans la défense des libertés, notamment la cause féminine. Lauréate d'une quinzaine de prix internationaux, dont l'International Literary Neustadt Prize (Etats-Unis -1996), le Prix de la Paix des libraires allemands (Francfort-2000), et le Prix international Pablo Neruda (Italie-2005), Assia Djebar a été admise en 2005 à l'Académie française, elle occupait le fauteuil n°5. Elle avait été également faite Chevalier de la Légion d'honneur et Commandeur des Arts et des Lettres.