Conséquence n L'importation de poudre de lait pour la production du lait et des produits laitiers figure parmi les contraintes majeures au développement de la production laitière nationale. Les professionnels du secteur, ayant participé récemment à une journée d'étude sur la filière, demandent à ce qu'il y ait «une solution politique» pour permettre un développement réel de ce secteur. La concurrence de la poudre de lait et le déficit fourrager sont des facteurs majeurs engendrant une diminution des effectifs du cheptel et une défection récurrente de la filière, selon le président du Comité interprofessionnel de la filière. «D'un côté il y a beaucoup de lait reconstitué, à partir de la poudre sur le marché, et de l'autre, il y a ce déficit fourrager qui ne permet pas aux éleveurs de produire convenablement», a-t-il dit. D'après Benchekour, cette concurrence se traduit par le prix du litre de lait pasteurisé conditionné en sachet (LPC) fabriqué à partir de la poudre de lait et vendu à 25 DA et celui du lait de vache frais cédé entre 40 et 50 DA. «La poudre de lait est un mal indispensable étant donné que l'Etat recourt à l'importation pour soutenir le pouvoir d'achat des citoyens à faible revenu», a-t-il néanmoins soutenu en appelant à ce qu'il y ait des mécanismes de promotion de la consommation du lait de vache. Ce constat vient confirmer une étude, publiée le mois de février passé, sur les prévisions et les tendances de production de la filière lait réalisée par le Bureau national d'études sur le développement rural (Bneder). «La poudre de lait concurrence la production de lait et tire la production de lait cru vers le bas», constate Bneder. L'étude souligne que les pouvoirs publics consacrent annuellement des subventions de l'ordre de 46 milliards DA à la filière, dont une partie est réservée à la production du LPC, soit environ 12 milliards DA. Ce montant ne cesse d'augmenter chaque année pour atteindre 30 milliards DA en 2013. Concernant l'alimentation, l'étude a relevé les conséquences du déficit fourrager sur le rendement des vaches laitières qui ne dépasse pas la moyenne de 10 litres/par jour contre 40 litres dans les pays développés. Outre le manque de fourrage, il a été constaté une technicité insuffisante, un manque de sensibilisation et une faible organisation des éleveurs en coopératives pour défendre leurs intérêts. Les experts recommandent l'accompagnement des élevages par des techniciens expérimentés, de faciliter l'accès au foncier et aux crédits. La production de lait est estimée aujourd'hui à 3,3 milliards de litres, dont 2,5 milliards de litres de lait de vache tandis que la collecte se situe à plus 900 millions de litres contre 300 millions en 2009. Quant à la consommation, elle a atteint les 4,5 milliards de litres par an. L'Algérien consomme en moyenne 115 litres de lait par an/habitant. Assia Boucetta Recul du prix de la poudre du lait l La facture des importations du lait en poudre, crèmes de lait et matières grasses laitières, utilisées comme intrants dans la filière laitière, a reculé à 43,787 millions de dollars en janvier 2016 contre 62,791 millions de dollars en janvier 2015. En revanche, les quantités importées ont connu une croissance sensible passant de 14.758,08 au mois de janvier de l'année 2015 à 17.076,42 tonnes en janvier dernier, selon les chiffres publiés par le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis). Les quantités importées ont ainsi grimpé de 15,71% de 2015 à 2016. La facture a quant à elle chuté de 30,27% en janvier 2016 par rapport à janvier 2015. Cette tendance baissière a un lien direct avec la baisse des prix à l'importation de ce produit alimentaire sur les marchés mondiaux. En effet, les prix à l'importation des poudres de lait sont en recul de l'ordre de plus de 40% en passant à près de 2.800 dollars/tonne contre plus de 4.800 dollars/tonne il y a plus d'une année. La répartition détaillée des importations par opérateur économique pour les produits alimentaires de large consommation révèle qu'en 2015 l'Office national interprofessionnel de lait (Onil) et l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), ont dominé les importations de poudre de lait et des blés respectivement. Ainsi, l'Onil a importé 189.910 tonnes de poudre de lait destinées à la transformation (53% des quantités globales importées), tandis que les 47% restants ont été répartis entre 13 principaux importateurs privés. Les pays fournisseurs de l'Algérie en poudre de lait sont au nombre de 20 dont les 5 premiers sont la Nouvelle-Zélande (42,4% des importations), la France (17,8%), la Belgique (9,5%), la Pologne (7,7%) et l'Uruguay (5,8%). A.B Un aliment de base pour les Algériens l Les ménages dépensent en moyenne 1 875 milliards de dinars (mds DA) par an pour satisfaire leurs besoins alimentaires. Le lait et ses dérivés font partie des produits qui font l'objet de plus de dépenses avec 158,03 mds DA répartis comme suit : lait en sachet ou en brick, 61,02 mds DA; lait en poudre, 25,3 mds DA; yaourt aromatisé ou nature, 19,6 mds DA; Fromage en portions, 12,9 mds DA; - petit lait, 9,7 mds DA. Ce produit arrive juste après les produits céréaliers: 327,4 mds DA et les légumes frais: 251 mds DA. Les produits céréaliers occupent en effet la première place dans le budget des ménages avec 17,5% de la dépense alimentaire globale, suivis par les légumes frais (13,4%), la viande rouge (13,3%) et les produits laitiers (8,4%).