La poudre de lait importée pour la production du lait et produits laitiers figure parmi les contraintes "majeures" au développement de la production laitière nationale qui pâtit aussi d'un grand déficit fourrager, selon une étude publiée lundi à Alger. "La poudre de lait concurrence la production de lait cru et tire la production de lait cru vers le bas", constate une étude sur les prévisions et les tendances de production de la filière lait réalisée par le Bureau national d'étude sur le développement rural (BNEDER) présentée lors d'une journée d'étude sur la filière. Ce constat a été partagé par les professionnels ayant participé à cette journée d'étude. Ils demandent est ce qu'il y ait "une solution politique" pour permettre un développement réel de la production laitière. La concurrence de la poudre de lait et le déficit fourrager sont des facteurs majeurs engendrant une diminution des effectifs du cheptel et une défection récurrente de la filière, selon le président du Comité interprofessionnel de la filière lait, Benchekour. "D'un côté il y a beaucoup de lait reconstitué (à partir de la poudre) sur le marché et de l'autre côté il y a ce déficit fourrager qui ne permet pas aux éleveurs de produire convenablement", a-t-il dit. D'après lui, cette concurrence se traduit par le prix du litre de lait pasteurisé conditionné en sachet (LPC) fabriqué à partir de la poudre de lait et vendu à 25 DA et celui du lait de vache frais cédé entre 40 et 50 DA. "La poudre de lait est un mal indispensable étant donné que l'Etat recourt à l'importation pour soutenir le pouvoir d'achat des citoyens à faible revenu", a-t-il néanmoins soutenu en appelant à ce qu'il y ait des mécanismes de promotion de la consommation du lait de vache. Il a toutefois loué les nouvelles orientations des pouvoirs publics tendant à réduire de 50% les importations de la poudre de lait, soit l'équivalent de la quantité destinée à la production des produits dérivés. D'autres professionnels ont proposé de promouvoir le lait cru local sur le plan marketing pour inciter le consommateur à consommer un produit frais de qualité. L'étude du BNEDER souligne que les pouvoirs publics consacrent annuellement des subventions de l'ordre de 46 milliards DA à la filière dont une partie est réservée à la production du LPC dont le prix est administré, soit 12 milliards DA en 2009.Ce montant ne cesse d'augmenter chaque année pour atteindre 30 milliards DA en 2013. Concernant l'alimentation, l'étude a relevé les conséquences du déficit fourrager sur le rendement des vaches laitières qui ne dépasse pas la moyenne de 10 litres/par jour contre 40 litres dans les pays développés. L'expertise recommande, à cet effet de d'accroître la superficie destinée à la production fourragère estimée actuellement à 700.000 ha, de 240.000 ha irrigués et ce pour atteindre un rendement de 6.000 litres de lait par vache par an. D'après l'un des scénarios prévu par l'étude, une petite augmentation de l'alimentation suffirait pour augmenter le rendement par vache à 16 litres au lieu de 10 actuellement. Réalisée durant la période allant de 2013 à 2014, cette étude a été faite en trois étapes, la première en utilisant toutes les statistiques et données disponibles sure la filière, la deuxième l'organisation d'un atelier et la troisième, en réalisant des enquêtes sur le terrain dans trois wilayas: Annaba, Guelma et Souk Ahras. Outre le manque de fourrage, il a été constaté une technicité insuffisante, un manque de sensibilisation et une faible organisation des éleveurs en coopératives pour défendre leurs intérêts. Les experts recommandent l'accompagnement des élevages par des techniciens expérimentés, de faciliter l'accès au foncier et aux crédits. La production de lait est estimée à 3,3 milliards de litres, dont 2,5 milliards de litres de lait de vache tandis que la collecte se situe à plus 900 millions contre 300 mls en 2009. La consommation est estimée à 4,5 milliards de litres par an. L'Algérien consomme en moyenne 115 litres de lait par an/habitant. La nouvelle stratégie du gouvernement table sur une production de 5 milliards de litres d'ici 2019 et deux milliards de litres de lait cru collectés. Entre 2010 et 2013, l'Algérie a importé 115.944 vaches à haute performances, le cheptel bovin laitier est estimé à 1,6 millions de têtes. La facture des importations du lait en poudre, crèmes de lait et matières grasses laitières, utilisées comme intrants dans la filière laitière, a reculé à 1,04 milliard de dollars (md usd) en 2015 contre 1,91 md usd en 2014, selon les Douanes.