Discussions n Malgré les pressions, le régime syrien ne lâche rien à Genève, où a débuté une deuxième semaine de discussions indirectes avec l'opposition armée, refusant catégoriquement d'évoquer le sort du président Bachar al-Assad. L'avenir du président syrien «n'a rien à voir avec les discussions», a déclaré à la presse le négociateur en chef du régime, Bachar al-Jaâfari, après une rencontre avec l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura. La transition politique en Syrie et le sort de M. Assad «sont deux sujets séparés», et la question de l'avenir du président est «exclue» des actuelles discussions, a insisté le négociateur. M. Al-Jaâfari a qualifié l'atmosphère des discussions de «positive», mais a critiqué l'attitude du Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble les groupes clés de l'opposition syrienne. «Nous avons des instructions claires de notre direction de nous engager sérieusement dans ces discussions, mais l'autre partie ne réagit pas sérieusement», a déclaré le négociateur syrien. Il a une nouvelle fois accusé la délégation de l'opposition de compter des «terroristes» en son sein. Un peu plus tard, M. de Mistura a commenté cette question. «Le gouvernement a son propre concept, très élaboré, du terrorisme», a-t-il déclaré. «Nous en avons une définition très simple : sont terroristes, les groupes classés comme tels par l'ONU». Et M. de Mistura a redemandé au régime de livrer sa vision de «l'organe de transition» qui, selon la feuille de route fixée par l'ONU, doit être conçu à Genève. M. Al-Jaâfari «m'a répondu que c'était prématuré», a rapporté l'émissaire de l'ONU. Mais pour M. de Mistura, «il est essentiel de commencer à se pencher sur leur vision de la transition politique». Pour Damas, cet organe de transition ne peut être qu'un gouvernement élargi à quelques ministres d'opposition, mais toujours dirigé par Bachar al-Assad. Au contraire, l'opposition réclame un organe ayant les pleins pouvoirs et dans lequel M. Assad n'aurait aucun rôle. De précédentes discussions, à Genève en 2014, avaient achoppé sur ce sujet. Depuis, la situation a encore empiré en Syrie, où plus de 270 000 personnes ont été tuées et des millions poussées à l'exil au cours des cinq dernières années. M. de Mistura a appelé la délégation gouvernementale à «se montrer réaliste» et à entrer dans le vif des débats avant jeudi soir, quand les négociateurs feront une pause d'une dizaine de jours minimum. Une trêve entre le gouvernement et l'opposition armée, entrée en vigueur le 27 février, a permis la reprise des pourparlers en Suisse après un premier round avorté en début d'année. Mais le cessez-le-feu, parrainé par Washington et Moscou, ne s'applique pas aux groupes djihadistes. Hier lundi, des tensions sont apparues entre les deux grandes puissances, l'armée russe accusant l'armée américaine de ne pas vouloir discuter du suivi de la trêve. Une rencontre à Moscou, prévue cette semaine entre les chefs des diplomaties américaine, John Kerry, russe, Sergueï Lavrov, et le président russe Vladimir Poutine, pourrait permettre d'arrondir les angles.